Formations en E-learning : du temps de travail effectif?

Depuis la période Covid, combien de formations ou accueils sécurité ne sont plus organisés sur le temps et le lieu de travail ?
Formation renforcée à la sécurité quand on est intérimaire ou en CDD (livret d’accueil), accueil sécurité pour pénétrer sur un site sensible, … Pour de nombreuses formations du quotidien des chantiers il nous est maintenant demandé d’utiliser des supports numériques en e-learning.
Un simple lien envoyé par mail ou sms dédouane l’employeur de ses responsabilités et nous charge d’avoir validé la formation le lendemain avant l’embauche. Outre le format largement questionnable de ces formations low-cost maintenant devenues monnaie courante (aucun accompagnement), se pose aussi la question de la rémunération du temps passé, sur notre téléphone ou ordi perso, le soir chez nous, dans le camion pendant que le collègue conduit sur le retour, …
Souvent assez courts dans leur début, ces E-learnings sont maintenant de plus en plus longs et peuvent durer jusqu’à plus de deux heures parfois !

Mais alors temps de travail effectif ou pas ?

Ben, oui déso.
Le code du travail et son article L6321-2 ne laissent aucun doute : « Toute action de formation qui conditionne l’exercice d’une activité ou d’une fonction, en application d’une convention internationale ou de dispositions légales et réglementaires, constitue un temps de travail effectif et donne lieu pendant sa réalisation au maintien par l’entreprise de la rémunération. »

Alors peu importe le format, en e-learnig, en distanciel, sur le téléphone de la grand-mère ou du voisin, tout temps passé à suivre une formation à la demande de l’employeur doit être payé en temps de travail effectif, et donc entrer dans le décompte des heures supplémentaires !

Fini de nous faire avoir, maintenant les E-learning on les compte dans les relevés d’heures et ça passe à la caisse à la fin !

PRESSE – L’âge de faire mai : Nouveaux syndicalismes

Dossier paru en mai 2025 dans la revue L’âge de faire

« Désormais quand il y a une grève France, plus personne de s’en aperçoit », essayait de se convaincre Nicolas Sarkozy en 2007. Mais plus que de s’en convaincre, lui comme ses successeurs et prédécesseurs se seront attachés décennie après décennie à démanteler, diviser, segmentariser, le monde du travail pour faire la peau à toute forme de collectif de travailleurs et travailleuses.
Depuis que le syndicalisme est apparu dans l’histoire du monde ouvrier il y a bien plus d’un siècle, ses formes n’ont cessé de bouger et de se ré-inventer pour faire face aux incessantes modifications des conditions de travail. Sous-traitance, intérim, développement de l’auto-entrepreneuriat, ubérisation, filialisation, … Celles et ceux qui dans ce monde n’ont pour vivre que leur force de travail à vendre, ne sont pas au bout de leurs peines ni de leurs surprises.
Pour ce mois de mai 2025, la revue L’âge de faire consacre un dossier entier sur la question des nouvelles formes de syndicalismes. Dans ce cadre, et armée de nombreuses questions, une camarade de la revue était venue à notre rencontre à l’occasion de l’AG annuelle des cordistes, qui s’est tenue en janvier à Lille.

Ci-dessus son papier au sujet de la lutte des travailleuses et travailleurs cordistes.

Et si ça vous passionne, vous trouverez même le reste du dossier sur ce lien : https://cordistesencolere.fr/wp-content/uploads/2025/05/ADF_206.pdf

Marseille et Toulouse : journées sauvetage sur cordes en images

« Les travailleurs reçoivent une formation adéquate et spécifique aux opérations envisagées et aux procédures de sauvetage. » Art. R4323-89 du code du travail

« La formation à la sécurité dont bénéficient les travailleurs chargés de l’utilisation ou de la maintenance des équipements de travail est renouvelée et complétée aussi souvent que nécessaire pour prendre en compte les évolutions de ces équipements. » Art. R4323-3 du code du travail

Qui dans son entreprise bénéficie d’une journée organisée et encadrée pour recycler nos formations cordistes? Combien d’entre nous avons eu le MAC de financé? Et si oui, depuis combien de temps?
Lorsque nos patrons respecteront leurs obligations, on trouvera bien d’autres choses à faire quand on se retrouve entre ouvrières et ouvriers cordistes. En attendant, quand ça fait des mois, voire des années, qu’on a n’a pas pratiqué les exercices même basiques de sauvetage sur cordes, les gestes et automatismes se font lointains. Et le jour où ils pourraient être nécessaires, arriverait-on à être à la hauteur?
Impensable d’imaginer le contraire et se trouver spectateur impuissant du drame d’un collègue.
Alors, les 12 avril et 18 mai se sont tenues deux journées de révision des techniques simples de sauvetage sur cordes. Dans les calanques à Marseille. Et à Toulouse.
À chaque fois, s’est suivi un repas partagé et une réu locale pour évoquer nos conditions de travail, envisager les manières d’y faire face.

Clairement on s’en lassera pas!
À quand et où la prochaine?

Ces deux journées en images dans l’article complet

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18 mai – Atelier sauvetage sur cordes à Toulouse + réu cordistes

Salut camarade cordiste!

C’est reparti, une autre équipe organise une journée secours sur corde et échanges autour de nos conditions de travail. Cette fois-ci ça se passera ce dimanche 18 mai à Toulouse.

Au programme : révision des techniques simples de sauvetage sur cordes le matin, un repas partagé, puis l’après-midi réunion locale cordistes avec deux thèmes de discussion : la question du sexisme au travail & les risques spécifiques selon les chantiers.

Pense à prendre ton casque + ton kit si tu en as un.

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PROCÈS DE L’ACCIDENT DE RÉGIS : récit de la journée d’audience et condamnation de la CAN

Crédit photo : France 3 Côte d’Azur

Le vendredi 7 mars 2025, l’entreprise CAN était jugée pour homicide involontaire sur la personne de Régis Brugière.
Le 27 août 2018, sans aucune formation en la matière, ce jeune cordiste de 38 ans est envoyé fragmenter un rocher à l’aide de cartouches pyrotechniques de catégorie P2.
Heurté à la tête par un éclat de roche au moment de l’explosion, Régis meurt sur le coup.

« Plaise au tribunal que je montre la photo du bonheur d’une mère, la dernière de mes trois beaux garçons en pleine forme, unis, joyeux, heureux dans leurs vies personnelles, pères de famille responsables et aimés. Voilà notre famille une semaine avant qu’elle ne soit détruite ! »

Il est midi. Pile au mitan de cette audience qui durera six heures. Martine est à la barre. Courageusement, elle livre sa pensée.
Sa vision des choses. Sa révolte. Son chagrin de mère.
Dignement, calmement, posément.
Comme elle l’a fait le matin même, droite face à la caméra des journalistes de France 3.
Comme elle l’avait fait face à celle de Franck, en 2021, devant les portes obstinément closes de la CAN, l’entreprise au sein de laquelle son fils a perdu la vie.
Les trois prévenus sont à quelques mètres d’elle. Têtes basses.
Plus de six ans qu’elle attend ce moment.

« Au vu de ce qu’il m’ apparaît dans ce dossier, rien n’a été mis en œuvre par les personnes jugées ce jour pour protéger leur ouvrier, je les qualifie d’imprévoyants, de désinvoltes et finalement d’incompétents puisque responsables par leurs manquements divers du décès de mon fils. »

Plus de six ans qu’elle attend des réponses à ses questions.

« Je veux comprendre comment des dirigeants de cette société ont traité le sujet de la sécurité avec tant de désinvolture. »

Questions auxquelles les dirigeants de la CAN n’ont jamais daigné répondre.
Et pour cause ! Bombardés de ces questions par l’avocat de la famille et par Grégory, au nom de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires, qui s’est constituée partie civile, Cédric Moscatelli et Ludovic Mouche n’offriront que des réponses bredouillées. Des explications oiseuses. Une dérobade constante et insupportable.
Évoquant la responsabilité d’un lampiste. Jusqu’à celle de Régis lui-même. Inévitable ritournelle des inculpés s’agissant de la mort d’un de leurs employés. Desquels ils sont pourtant tenus de préserver la santé, et d’assurer la sécurité au travail.
Après qu’elle les a entendus, pour Martine la conclusion est claire : « Je considère que ces personnes, par leurs agissements manque de formation pour ce qui concerne Régis et manque d’information pour ce qui concerne l’ensemble du personnel ‒, méritent parfaitement d’être considérées comme hors la loi, et à ce titre durement réprimées. »

Martine retourne s’asseoir auprès d’Émilie, la femme de Régis. Et de Jennifer, la femme de Wilfried, un de ses deux autres fils. Trois femmes côte à côte. Trois femmes unies dans une même douleur. Trois femmes qui pleurent la perte d’un être cher. Puis d’un second. L’an dernier, Wilfried, le frère aîné de Régis, était emporté par la maladie.
Lui qui avait lutté pour l’avènement de la vérité n’assistera pas à l’audience du procès de la mort de son frère. Le malheur sait frapper plusieurs fois au même endroit.

Laurent, le cadet de la fratrie, est absent. Il vit en Australie.

Crédit photo : France 3 Côte d’Azur – JT 12/13 du 7 mars 2025
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12 AVRIL – Atelier sauvetage sur cordes à Marseille + réu cordistes

Salut camarade cordiste!

On organise une journée secours sur corde et échanges autour de nos conditions de travail le samedi 12 avril dans les calanques à Marseille.

Au programme : pratique des secours le matin, un repas partagé, puis échanges sur les actus de la profession et nos conditions de travail l’après-midi.

Pour plus d’info et pour s’inscrire (qu’on prévoie le matos en conséquence), c’est ici : https://framaforms.org/secours-sur-cordes-12-avril…

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GRETA – Animation d’un module prévention des risques et droits du travail

Module prévention des risques et droits des travailleurs pour nos alternants !
Le GRETA à Die organise pour tous ses alternants, un module de formation à la prévention des risques et aux droits des travailleurs, dispensé par l’association Cordistes en Colère, Cordistes Solidaires (CCCS).

Au programme :
• Historique de la profession (origines, développement et ses différents acteurs).
• Questions fréquentes du droit du travail (droit de retrait, conventions collectives, grille de salaire, heures de route, déplacements, fourniture des EPI, …).
• Prévention des risques, type d’accidents les plus récurrents et conséquences pour les accidentés.
• Formations existantes et réglementation applicable aux risques spécifiques les plus courants dans le métier de cordiste (chutes de hauteur, risques naturels, espaces confinés, consignations, protections respiratoires, risques industriels, amiante, plomb, explosifs, conduite d’engins…)

Encore un grand merci au Greta de Die pour leur confiance.
Une super journée d’échanges avec les alternants, un partenariat qui se pérennise.

PARLEMENT EUROPÉEN : Intervention de l’association

 
Mardi 19 nombre 2024, l’association était invitée au parlement européen pour y délivrer quelques informations sur les conditions de sécurité dans le métier.
Une modeste contribution aux côtés des témoignages d’autres secteurs d’activité : les cadences et amplitudes horaires infernales dans le secteur des soins à la personne en Suède, les conditions de travail au Danemark, en Italie, en Espagne, les travailleurs précaires et sans papier en Suède, les travailleurs viticoles en France, etc. Les témoignages s’enchaînent et sont complétés de données plus transversales et européennes. Mais surtout des témoignages et revendications de familles du collectif Stop à la mort au travail.

En 2021, la commission européenne se targuait d’adopter la «Vision zéro» à l’égard des décès liés au travail. Sans mesures spécifiques. Sans moyens débloqués.
Au parlement européen, ces 18 et 19 novembre aboutiront à une proposition de 14 mesures à intégrer aux futures directives européennes portées par deux députés (Marina Mesure et Anthony Smith) : un observatoire européen des morts au travail, des formations dès les collèges et lycées, des formations obligatoires pour les employeurs, un objectif européen à 1 inspecteur du travail pour 5000 salariés (1/12 000 aujourd’hui en France), le renforcement des sanctions pénales, la création d’un fond européen pour les familles de victimes d’accident du travail, etc.
Nous ne sommes pas dupes, les arcanes de la politiques sont plus tapissées de promesses que d’actes, surtout dès que les enjeux économiques se dressent.
Pas d’illusions a avoir.
Juste la parole de travailleuses et travailleurs à porter.
Juste la réalité des conditions de travail à marteler, à ne pas laisser sous silence.

PRESSE – Procès de l’accident de Régis : la CAN jugée pour homicide

Vendredi 7 mars 2025, se tenait enfin l’audience correctionnelle de l’accident ayant coûté la vie à Régis, cordiste décédé en août 2018 après avoir été percuté à la tête par un impact de roche propulsé par l’explosion qu’il était chargé de déclencher.
Bien que titulaire d’aucune formation, son employeur, la société CAN, l’avait chargé ce jour-là de manipuler du Mulvex. Cartouche pyrotechnique de catégorie P2 dite de « déroctage », le Mulvex, bien que non-détonant, n’est autre qu’un produit explosif présentant des risques très élevés lors de son utilisation. Pour cela, deux formations sont obligatoires : un certificat de préposé au tir (CPT) + une formation spécifique relative aux cartouches P2 dispensée exclusivement dans un centre agréé par le ministère de l’environnement.
Régis, comme la plupart de ses autres collègues de la CAN au moment de l’accident, n’avait ni l’une ni l’autre de ces formations lorsque son employeur lui demandait d’utiliser ces cartouches P2.

La société CAN, jugée pour homicide involontaire, comparaissait donc pour répondre de ses responsabilités devant le tribunal correctionnel de Grasse. Durant 6h d’audience, cette société de 400 salariés n’a cessé de clamer son innocence, rejetant en bloc toute responsabilité sur une soit-disante imprévisibilité de la victime elle-même, et sur des erreurs exclusives du chef de chantier chargé de l’opération.
Questionné sur l’absence de procédure écrite, et sur les multiples salariés qui attestent eux aussi avoir toujours été chargé d’utiliser ces produits explosifs sans disposer de la moindre formation, Cédric MOSCATELLI, directeur général du groupe CAN, affirme qu’il n’était pas au courant et que des consignes orales de quelques minutes étaient suffisantes…

En fin d’audience, la procureure, qui voit dans la victime « un salarié sacrifié sur l’autel de la rentabilité » a requis 24 et 30 mois de prison avec sursis ainsi que 10 000 et 15 000€ pour les deux prévenus (chef de chantier et chargé d’affaire).
Concernant la société CAN, elle a requis 70 000€ d’amende pénale.

Le tribunal rendra son délibéré le 16 avril prochain.


Ci-dessous la revue de presse des articles JT ayant couvert l’audience :

DÉLIBÉRÉ DE LA COUR D’APPEL DE MONTPELLIER : Le gérant de SUD ACROBATIC condamné à de la prison avec sursis


Hier, lundi 4 mars, la Cour d’appel de Montpellier a rendu son jugement concernant le grave accident dont avait été victime Adrien en chutant de 10 mètres au travers d’un toit industriel du port de Sète, en 2015.

Condamnée une première fois en première instance, la société SUD ACROBATIC et son gérant Sébastien Gimard avaient fait appel de leurs condamnations.
La Cour d’appel a tranché et condamné de nouveau l’entreprise et son gérant à 3000€ d’amende pour SUD ACROBTATIC et 6 mois de prison avec sursis pour Sébastien Gimard.

Sur le plan civil, l’entreprise et son gérant ont été jugés « entièrement responsables du préjudice subi par Andrien Santoluca et ont été condamnés à lui payer la somme de 1 000 euros ».

Les indemnités liées à ses nombreux préjudices seront demandées dans une autre procédure au civil, devant le Pôle social du tribunal judiciaire qui devra statuer sur la faute inexcusable de l’employeur.

Nous donnerons plus de précisions sur ce jugement lorsque les motivations écrites de la Cour auront été rédigées.

En tout cas, encore bravo à Adrien pour son courage et sa détermination à faire reconnaître et condamner des pratiques si courantes mais tout autant inacceptables, notamment en terme d’absence de planification et de supervision des travaux en hauteur.

C’est par ce type de jugement que notre profession pourra enfin être tirée vers le haut !


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REVUE DE PRESSE :