RÉCIT – Championnat de France des cordistes 2024 : « On est là, même si FTC le veut pas ! »

Reportage réalisé par la Télé//vision de rue Primitivi

Les jeudi 27 et vendredi 28 juin 2024, c’était la onzième édition du championnat de France des cordistes, qui se tenait à la cité des Arts de la rue à Marseille.

Durant les deux jours, 102 cordistes concourent sur des épreuves finement préparées. Brillantes de matériels neufs qu’on aimerait voir plus souvent sur les chantiers.
En parallèle, fabricants de matériels, agences d’intérim et centres de formation tiennent des stands pour promouvoir une profession toujours en plein essor.

De leur côté et comme prévenus en amont, ni l’association, ni le syndicat, qui représentent conjointement les ouvrières et ouvriers cordistes, n’ont droit pas à un stand.
Dont acte, un stand mobile est installé sur une clé de portage. Achalandée en brochures, livres, fiches juridiques et témoignages de boulot, le stand mobile passe d’épaules en épaules durant les deux jours pour le faire déambuler le long des allées du championnat.

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LA GAZETTE DES PROLOS AU CHAMPIONNAT DES PATRONS – Marseille 2024

Jeudi 27 et vendredi 28 juin, s’est tenu le championnat de France cordistes 2024 à Marseille. Même sans stand officiel autorisé, l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires était présente. L’occasion de rencontrer les collègues cordistes présents. L’occasion aussi d’y diffuser les dernières actualités du métier et des luttes en cours. L’occasion encore et toujours de revendiquer le respect de nos droits et de meilleures conditions de travail.

Ci-dessous la Gazette qui y a été diffusé au cours de ces deux jours.

Au sommaire :
– Notre présence pourquoi? Encore et toujours!
– Données sur les accidents
– Évolutions à venir dans les travaux sur cordes
– Sexisme et virilisme dans la corde, les femmes cordistes ne l’acceptent plus
– Vague de révolte sur les chantiers de l’Atlantique
– Deux grèves à Profil, fraîchement racheté par le groupe Jarnias
– Les dernières publications
– Grilles de salaires 2024, quel salaire négocier ?
– Accidents de trajet : des droits à faire valoir

Un championnat de France cordistes sans la parole des cordistes?

« L’objectif, c’est de rassembler l’ensemble des parties prenantes des métiers des travaux sur cordes pour pouvoir parler d’une seule voix dans le cadre de l’évolution réglementaire des travaux sur cordes et que chacun puisse apporter se pierre à l’édifice vers ce que j’appelle « l’hyper-professionnalisation » des métiers sur cordes. »

Luc Boisnard, vice président de France Travaux sur Cordes à l’occasion du Championnat de France cordistes de 2022 à Lyon.

Déjà après le championnat de 2019, l’association s’était vu refuser un stand au motif que « les actions de communication et interventions médiatiques de votre Association visant négativement la profession ainsi que certaines de nos entreprises adhérentes ne cessent de se multiplier ».

Au championnat de 2022, le syndicat solidarité cordistes, seul invité, (et l’association accueillie sur son stand), se voyaient reprocher de « gâcher la fête des cordistes » à cause d’affiches de sensibilisation sur les accidents du travail. Dont un tableau inédit présentant les principales causes des accidents mortels ayant impacté les cordistes. Tirer enseignement des accidents, serait-il contraire à la voie vers « l’hyper-professionnalisme » ?

Pour 2024, c’est désormais le syndicat SYSOCO et l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires qui se voient tous deux refuser un stand.
Pas de table ronde non plus.
Uniquement des conférences.
Pas de débat.

Pourtant en 2022, FTC écrivait « Par respect pour le débat paritaire, nous continuerons de solliciter l’intervention du SYSOCO sur les sujets en lien avec la prévention, la sécurité et les droits des travailleurs dans la profession des travaux sur cordes. »
Désormais, le paritarisme semble aussi avoir quitté les attentions portées par le Championnat de France cordistes.
Les cordistes compétiteurs seront attendus.
Les cordistes s’exprimant sur leurs conditions de travail seront tenus de ne pas s’exprimer.

Bonne fête des cordistes 2024 !

BROCHURE – Exposition non maîtrisée des cordistes sur les chantiers en risques naturels

Exposition non maîtrisée des cordistes sur les chantiers en risques naturels – Radiographie d’une activité hautement accidentogène

Brochure A4,
24 pages, juin 2024


« On connaît les cordistes pour les innombrables images sensationnelles en haut de la tour Eiffel, à la rescousse de la cathédrale Notre-Dame, sur une cheminée industrielle ou au fond d’un silo.
Mais ils peuvent aussi être accrochés à même la roche pour sécuriser des flancs de falaises abruptes.
Aujourd’hui et de plus en plus, on sait que ces images cartes postales cachent un nombre particulièrement élevé d’accidents.
Pour beaucoup, graves, et parfois même mortels…
Mais sait-on que les chantiers de sécurisation de talus et falaises sont ceux qui tuent le plus nos collègues ?
Face aux enjeux économiques et/ou d’accès pour les populations, on peut supposer que tous les moyens sont convoqués pour rouvrir une route ou une voie ferrée fermée à la suite d’un éboulement rocheux.
Mais imagine-t-on que, très souvent, aucune étude, aucun moyen adapté n’ont été mise œuvre pour assurer la sécurité de celles et ceux qui sont envoyés au cœur du danger pour sécuriser ces falaises menaçantes ?

Quand, en 2022, deux de nos collègues (Benjamin et Jérôme) perdaient la vie, emportés par des éboulements rocheux, et que d’autres s’en sortaient gravement blessés, les premières réactions patronales et médiatiques évoquaient alors, par des tournures fatalistes, des accidents « imprévisibles ».

Mais la mort au travail peut-elle être une fatalité à accepter ? »


Au travers de la brochure que nous publions aujourd’hui, nous tentons d’analyser les multiples ressorts à l’origine des trop nombreux accidents de travail qui se produisent sur ces chantiers en milieux naturels.
À la fois activité de niche et secteur en développement, les travaux de sécurisation de falaises et de talus sont de plus en plus en courant dans les départements présentant des reliefs escarpés. Notamment du fait des conséquences du changement climatique.
Longtemps laissée à la charge quasi exclusive des entreprises chargées de la réalisation de ces travaux (travaux sur cordes pour la plupart), la gestion de la sécurité de ces chantiers nécessite pourtant des compétences et des moyens bien spécifiques. Les chutes de pierres et de masses rocheuses y constituant l’un des principaux risques, seuls des moyens et formations adaptés, ainsi que de réelles études géotechniques impliquant maître d’ouvrage, maître d’œuvre, bureaux d’étude, coordination SPS et entreprises de travaux pourraient permettre d’inverser cette lourde accidentologie.
Pourtant aujourd’hui, et sur bien des chantiers, tout repose sur le fragile et hypothétique « pied montagnard » des cordistes. Avoir ou non une connaissance empirique de la montagne devient alors le seul rempart face à la loterie des vies emportées par les éboulements rocheux.

Donneurs d’ordre et employeurs n’hésitant pas à parler de « risques non-maîtrisables » qu’il conviendrait d’accepter au regard du caractère spécifique de ce type de chantiers.
Mais alors, les dispositions du code du travail seraient-elle à géométrie variable selon le caractère d’exception ou non de tel ou tel chantier ?

La brochure qui suit à pour objectif de dresser un premier état de lieux de cette activité hautement accidentogène. Appelant d’autres études plus poussées. Appelant à une réelle prise de conscience et des mesures concrètes de la part des acteurs concernés.

Enfin, cette brochure est aussi pensée comme un outil de sensibilisation à destination de nos collègues cordistes. Notamment au travers des pages 13 à 15 listant les principaux risques en présence, avec des points d’alerte et de nombreuses références documentaires et réglementaires.

Car non, à notre question rhétorique posée plus haut, nous répondons avec force : jamais la mort au travail ne pourra être une fatalité à accepter !

Banderole vue sur une route entre Grenoble et le massif du Vercors, avril 2024

09/06 – MARSEILLE – Réunion pour s’auto-organiser !

DIMANCHE 9 JUIN à 13h30
60 rue Edmond Rostand,
13006, Marseille
(métro Castellane)

Pourquoi un groupe local de cordistes ?

Pour se rencontrer, tisser un réseau de solidarité, se filer des conseils, se serrer les coudes en cas de besoin… Un groupe qui puisse réagir et intervenir sur le terrain des chantiers et entreprises du coin. Réagir collectivement en cas de litige avec un employeur. Faire valoir les droits et intérêts des cordistes salariés, intérimaires et indépendants. Se faire le relais local de l’association.

Mais aussi organiser prochainement une action ensemble.

Si vous habitez dans le coin de Marseille, y bossez le temps d’un chantier, venez faire un tour !

Mouvement de contestation chez Altitude Services – Épisode 3

[Suite de l’épisode 2]

Suite à la causerie du 30 avril, les collègues cordistes profitent du 1er mai férié pour se réunir à plusieurs avec des membres de l’association Cordiste en colère cordiste solidaire, et faire le point sur les nombreux manquements de l’entreprise Altitude Services. La liste est longue. Pas moins de 31 points de revendications sont énumérés. Pas de procédure ni de kit pour le sauvetage, pas de modes opératoires, pas de note calcul pour les points d’ancrages, très peu d’embauché.es par rapport au nombre d’intérimaires (3-4 embauché.es sur près de 80 intérimaires !), un manque criant de matériel (1 sangle, 1 mousqueton fourni par intérimaire), pas de sellette (car c’est du confort [sic]), pas de deuxième descendeur pour trianguler, etc.

À cela, s’ajoute un très fort renouvellement des cordistes sur les Chantiers de l’Atlantique. Très peu de personnes ont une longue expérience de travaux sur cordes. Il n’est pas rare de voir des collègues qui sortent tout juste de formation se retrouver avec un.e chef.fe qui n’a que 1 ou 2 mois d’expérience sur chantier. Le nombre de CQP2 présents ne remplissent même pas les doigts d’une main. La quasi totalité des 80 intérimaires ne sont titulaires que du 1er niveau de formation ! Sans parler des nombreux presque-accidents et d’un manque de respect ouvertement assumé par une partie de l’équipe encadrante.

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28 mai – Déroulé du procès en diffamation de l’association de cordistes : vers une nullité de la procédure intentée par Jarnias ?

Après un petit pique-nique sous la pluie, nous prenons soin de mettre gourdes, opinel, mousquetons… à la consigne, pour pouvoir entrer dans le tribunal.
Nous sommes 13 cordistes dans la salle d’audience, bien à l’heure pour soutenir notre camarade Éric Louis accusé de diffamation.

En effet, ce mardi 28 mai 2024, à la 17ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, avait lieu l’audience qui faisait suite à la citation directe du chef de diffamation publique envers particulier adressée par la société Jarnias à Éric Louis.
Pour rappel, Éric y était poursuivi (en tant que président de l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires) à la suite d’un article paru sur notre site internet le 23 décembre 2022.

Après quelques délibérés et des formalités sur d’autres dossiers, vient enfin le tour de notre affaire.
Avant d’aborder les questions de fond, nos avocats plaident la nullité de la citation délivrée par la société Jarnias et des poursuites subséquentes.
Maître Joséphine Sennelier fait alors une brillante démonstration des nombreux éléments constituant des atteintes majeures aux droits de la défense dans la citation directe établie par Jarnias et viciant la totalité de procédure. En effet, les règles encadrant le délit de diffamation sont très strictes en France, pour protéger la liberté d’expression. Aux yeux de l’avocate, la citation ne respecte pas ces règles dès lors que sa rédaction crée de nombreuses incertitudes qui ne permettent pas de comprendre précisément l’étendue de la poursuite.

Prenant la suite, la procureure se range à l’avis de notre avocate, et demande elle aussi que soit retenue une nullité totale de la procédure. Elle explique notamment que si en France les règles encadrant le délit de diffamation sont très strictes, c’est notamment pour défendre le droit de presse et la liberté d’expression.

Pour finir, et après les tentatives d’explications de l’avocat de Jarnias, c’est notre deuxième avocat, Maître Emmanuel Tordjman qui complète magistralement le propos de sa consœur.

Les juges se retirent pour délibérer.
À leur retour, ils livrent leur décision. Ils décident qu’en l’état de la procédure, un jugement distinct doit être prononcé sur le moyen de nullité, de telle sorte que nous n’avons pas eu à nous expliquer sur les propos reprochés. Nous n’aurons à le faire que dans l’hypothèse où le Tribunal nous débouterait de notre demande.
Les jugent rendront leur décision le 3 juillet 2024.
Il leur appartient de décider si la nullité doit être prononcée et le cas échéant, si elle porte sur l’entièreté de la citation directe, ou si elle ne s’applique que partiellement, sur quelques points.

Le cœur léger par ce début de victoire, la petite équipe de cordistes sort soudée et déterminée à poursuivre l’indispensable combat pour de meilleures conditions de travail et toujours plus de sécurité sur les chantiers.

Mouvement de contestation chez Altitude Services – Épisode 2

[suite de l’épisode 1]

Le mardi 30 avril à 16h30, l’ensemble des cordistes sont convoqués par un responsable de la société Altitude Services sur les Chantiers de l’Atlantique. Pendant près de 20 minutes, il fait part d’un « message de la direction » suite au « petit mouvement de contestation fort désagréable ». En introduction, il prévient les cordistes que ce ne sera pas une discussion : Il va parler et qu’il va donc falloir l’écouter. Le ton est donné.

Il rappelle que les IGD ne sont en rien une obligation, la direction aurait en réalité fait un « cadeau » aux cordistes en leur accordant le paiement de ces deux IGD. Pourtant, la convention collective du bâtiment est claire, l’article 8.23 y stipule : « Le remboursement des dépenses définies à l’article 8.22 [indemnité de grand déplacement] est obligatoire pour tous les jours de la semaine, ouvrables ou non, pendant lesquels l’ouvrier reste à la disposition de son employeur sur les lieux du déplacement. »

Pour la plupart des collègues cordistes, leur lieu de résidence se trouve à plusieurs heures de routes et donc il est impossible de faire le trajet aller retour en une journée. La plupart d’entre eux ont alors été contraints de rester sur place.

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PARIS – Réunion du groupe local de cordistes – lundi mai dès 18h

La veille du procès de l’association accusée de diffamations par la société Jarnias, retrouvons-nous pour à nous organiser sur Paris et sa région !

Pourquoi un groupe local de cordistes ?

L’Île de France c’est LE coin en France où se concentrent le plus de chantiers sur cordes à l’année. Certains d’entre nous y vivent, et beaucoup d’autres viennent de loin pour y travailler le temps d’un chantier, d’une mission ou d’une saison. Parfois on s’y croise, mais souvent on reste paradoxalement presque autant isolé que n’importe où ailleurs.
Pourtant, un tel nombre de cordistes au mètre carré est une force.
Pourquoi rester seul en cas de conflit avec notre employeur alors que de nombreux collègues se trouvent souvent à peine à deux ou trois stations métro ?
Un groupe local de travailleurs cordistes, ça permet de tisser un réseau de solidarité au plus près de là où l’on bosse, de nous filer des conseils, de nous serrer les coudes en cas de besoin… Un groupe qui peut permettre de réagir collectivement en cas de litige avec un employeur. Un groupe qui peut permettre de faire valoir les droits et intérêts des cordistes salariés, intérimaires et indépendants.

RDV donc LUNDI 27 MAI dès 18h !

Ça se passera au :
EL ZOKALO Bar
( 49 rue Pixérécourt, PARIS 20ème)