SEXISME ET VIRILISME : Les femmes cordistes ne l’acceptent plus

Cordistes, collègues, camarades,

Sont autant de mots qui s’accordent pareil au féminin et au masculin. Cependant, sur le terrain, nous, cordistes meufs, subissons des inégalités de traitement. À l’instar de nos collègues hommes nous avons une voix à élever et des revendications à faire entendre.

Si nous représentons 2% de la profession, chacune est consciente de l’environnement essentiellement masculin dans lequel elle évolue. Parce que nous sommes doublement exploitées, nous sommes en première ligne dans la lutte pour nos conditions de travail. Soyons uni.es sur les sujets qui touchent tou.te.s les cordistes mais aussi sur nos revendications spécifiques.

Nous soulevons quatre points qui touchent particulièrement les meufs de la corde :

• Les vêtements de travail et les EPI. Cet aspect concerne d’ailleurs toutes les morphologies hors norme. L’équipement c’est la base, notre efficacité et notre sécu en dépendent. Les gants en taille 7 existent, les baudriers taille 0 ou les chaussures en 36 existent. Pourquoi faut-il batailler pour en obtenir, que ce soit auprès des boîtes de corde ou d’intérim, voire les acheter de sa poche ?

• Dans la continuité de ces équipements individuels, l’équipement collectif est pensé sans les filles, en deux mots les toilettes et les vestiaires. Les toilettes séparés sont rares, et ceux avec une poubelle et de l’eau à disposition inexistants.

• La question des salaires : pour les débutant.es (qui représentent un tiers des cordistes), le discours des boîtes d’intérim se veut familial et bienveillant mais en pratique chacun.e est bradé.e sur le marché des missions. En intérim, nos interlocutrices sont la plupart du temps des femmes, mais elles sont loin de se comporter en alliées. Dans un secteur où nous sommes minoritaires, elles nous imposent de faire nos preuves, donc d’accepter des salaires dérisoires (souvent au SMIC) Dans ce contexte, la solidarité est nécessaire car travailler au rabais a des conséquences collectives et tire les salaires de toute la profession vers le bas.

• Les attitudes virilistes qu’on observe sur les chantiers sont loin de nous mettre à l’aise et nous obligent à devoir faire 4 fois plus nos preuves. Mais au-delà de ce qui nous concerne, nous pensons que le virilisme, dont on peut tous et toutes faire preuve, ne sert que le profit de nos patrons, au mépris de nos conditions de travail et de notre sécurité. Nous observons avec peur et tristesse la surenchère du risque.

Nous la construisons aussi, dans les pas de nos collègues masculins. Ce management du « Si t’es un homme faut que t’y ailles », sert à abaisser nos standards de sécurité, à faire accepter des trucs dangereux. Arrêtons de faire les mecs, on s’en portera tous.tes mieux !
Nos collègues sont nos allié.es et nous comptons sur elleux pour nous soutenir qu’on dénonce du sexisme au boulot ou qu’on nous invisibilise. Mais aussi pour lutter toutes et tous ensemble pour nos droits de travailleur.euses, et de meilleurs salaires pour tou.te.s.

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TEXTE PARU DANS LA GAZETTE diffusée au championnat de France des cordistes 2024 à Marseille : https://cordistesencolere.fr/2024/07/03/la-gazette-des-prolos-au-championnat-des-patrons-marseille-2024/

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