Camarades cordistes,
on aurait aimé s’adresser à vous en ce début d’année dans un grand éclat de rire.
Il n’en sera rien.
Notre corporation s’est vu échoir un bien triste privilège. Celui d’inaugurer la longue et glaçante liste des ouvriers morts au travail : le 3 janvier, Sébastien Gibouin faisait une chute mortelle du toit d’une usine.
Comme si ça ne suffisait pas, le 7 mars, Mikel Duhalde périssait dans la suie d’une cheminée industrielle.
Comme à chaque accident, de nombreuses questions seront à poser. Nous les poserons.
Pour l’heure, contentons-nous de leur réserver une pensée. De leur rendre hommage.
Nous adressons tout notre soutien à leurs proches. Pour eux un chapitre dramatique vient de s’ouvrir.
Nous tâchons d’ores et déjà de leur apporter l’aide nécessaire dans les épreuves qui les attendent.
Malheureusement, nous sommes rompus à ce funeste exercice. Les ravages causés par ce type de drame nous sont familiers. Mais on ne peut pas s’y habituer. Répandre ce genre de nouvelle nous blesse profondément et durablement.
Ces événements tragiques nous confortent dans notre combat pour la sécurité. Au delà, pour la vérité, pour la justice.
Puisse au moins cette accumulation insupportable de drames nous rapprocher, nous fédérer.
Si nous, ouvrières et ouvriers cordistes, les premiers concernés, ne nous mobilisons pas pour nos conditions de santé et de sécurité au travail, qui le fera ?
Nos employeurs ?
Les autorités publiques ?
Les organismes de « prévention » ?
Ceux-là sont au choix, timorés, indifférents, laxistes.
Certains nous sont même hostiles, en tant qu’organisation ouvrière.
Soyons les aiguillons auprès de ces acteurs pour faire avancer nos problématiques.

Commence, sous ces mornes auspices, une année 2023 de luttes.
Nous avons fait bouger les lignes en nous faisant inviter au Ministère du travail, fin 2022.
Avant la fin de l’hiver, nous y retournerons faire valoir nos droits. Ceux de tous les cordistes. Ce sera évidemment la pierre angulaire de notre engagement de cette nouvelle année.
Mais nous n’oublierons pas les autres combats que nous avons engagés. Qui sont devenus notre pain quotidien, tant les droits des travailleurs dans notre métier sont foulés au pied.

Lire ici la liste synthétique de nos principales actions menées en 2022.

De plus en plus de collègues refusent de courber l’échine, et forment des recours aux Prud’hommes.
De véritables sections syndicales de cordistes sont même en gestation dans certaines entreprises.
Nous les accompagnons tout au long de ces démarches rendues fastidieuses par un pourvoir en place qui favorise de manière éhontée le patronat. Qu’importent les conséquences sociales, sociétales, humaines. Ainsi, la France détient le triste record d’Europe des morts au travail.
Est-ce la place de la 6ème puissance économique mondiale ?
Le métier de cordiste paie un lourd tribut. L’actualité vient de cruellement nous le rappeler.

Un sourire quand-même dans cet océan de larmes. Il se pourrait bien qu’en 2023, l’association se fasse attaquer en justice pour diffamation. Ce sont des choses qui arrivent lorsque l’on dit des vérités. Qu’on les dit haut et fort. Et que ces vérités blessent. Ce sera là une occasion de porter sur la place publique, parce que la justice est publique, des comportements abusifs, des méthodes de management tendancieuses qui ne demandent qu’à rester sous l’éteignoir.
Nous vous tiendrons au courant.

Plus que jamais, soyons unis et solidaires. C’est Macron lui même qui l’a recommandé lors de ses vœux. Nous ferons une entorse à notre ligne de conduite en appliquant son adage.
Soyons unis et solidaires contre lui. Contre son monde. Contre tous ceux qui s’en accommodent.
Comme déjà plus de 250 camarades depuis 2019, rejoignez-nous.

Pour nos droits.
Pour notre avenir.
Pour notre dignité.