LA GAZETTE DES PROLOS AU CHAMPIONNAT DES PATRONS – Marseille 2024

Jeudi 27 et vendredi 28 juin, s’est tenu le championnat de France cordistes 2024 à Marseille. Même sans stand officiel autorisé, l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires était présente. L’occasion de rencontrer les collègues cordistes présents. L’occasion aussi d’y diffuser les dernières actualités du métier et des luttes en cours. L’occasion encore et toujours de revendiquer le respect de nos droits et de meilleures conditions de travail.

Ci-dessous la Gazette qui y a été diffusé au cours de ces deux jours.

Au sommaire :
– Notre présence pourquoi? Encore et toujours!
– Données sur les accidents
– Évolutions à venir dans les travaux sur cordes
– Sexisme et virilisme dans la corde, les femmes cordistes ne l’acceptent plus
– Vague de révolte sur les chantiers de l’Atlantique
– Deux grèves à Profil, fraîchement racheté par le groupe Jarnias
– Les dernières publications
– Grilles de salaires 2024, quel salaire négocier ?
– Accidents de trajet : des droits à faire valoir

Mouvement de contestation chez Altitude Services – Épisode 3

[Suite de l’épisode 2]

Suite à la causerie du 30 avril, les collègues cordistes profitent du 1er mai férié pour se réunir à plusieurs avec des membres de l’association Cordiste en colère cordiste solidaire, et faire le point sur les nombreux manquements de l’entreprise Altitude Services. La liste est longue. Pas moins de 31 points de revendications sont énumérés. Pas de procédure ni de kit pour le sauvetage, pas de modes opératoires, pas de note calcul pour les points d’ancrages, très peu d’embauché.es par rapport au nombre d’intérimaires (3-4 embauché.es sur près de 80 intérimaires !), un manque criant de matériel (1 sangle, 1 mousqueton fourni par intérimaire), pas de sellette (car c’est du confort [sic]), pas de deuxième descendeur pour trianguler, etc.

À cela, s’ajoute un très fort renouvellement des cordistes sur les Chantiers de l’Atlantique. Très peu de personnes ont une longue expérience de travaux sur cordes. Il n’est pas rare de voir des collègues qui sortent tout juste de formation se retrouver avec un.e chef.fe qui n’a que 1 ou 2 mois d’expérience sur chantier. Le nombre de CQP2 présents ne remplissent même pas les doigts d’une main. La quasi totalité des 80 intérimaires ne sont titulaires que du 1er niveau de formation ! Sans parler des nombreux presque-accidents et d’un manque de respect ouvertement assumé par une partie de l’équipe encadrante.

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28 mai – Déroulé du procès en diffamation de l’association de cordistes : vers une nullité de la procédure intentée par Jarnias ?

Après un petit pique-nique sous la pluie, nous prenons soin de mettre gourdes, opinel, mousquetons… à la consigne, pour pouvoir entrer dans le tribunal.
Nous sommes 13 cordistes dans la salle d’audience, bien à l’heure pour soutenir notre camarade Éric Louis accusé de diffamation.

En effet, ce mardi 28 mai 2024, à la 17ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris, avait lieu l’audience qui faisait suite à la citation directe du chef de diffamation publique envers particulier adressée par la société Jarnias à Éric Louis.
Pour rappel, Éric y était poursuivi (en tant que président de l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires) à la suite d’un article paru sur notre site internet le 23 décembre 2022.

Après quelques délibérés et des formalités sur d’autres dossiers, vient enfin le tour de notre affaire.
Avant d’aborder les questions de fond, nos avocats plaident la nullité de la citation délivrée par la société Jarnias et des poursuites subséquentes.
Maître Joséphine Sennelier fait alors une brillante démonstration des nombreux éléments constituant des atteintes majeures aux droits de la défense dans la citation directe établie par Jarnias et viciant la totalité de procédure. En effet, les règles encadrant le délit de diffamation sont très strictes en France, pour protéger la liberté d’expression. Aux yeux de l’avocate, la citation ne respecte pas ces règles dès lors que sa rédaction crée de nombreuses incertitudes qui ne permettent pas de comprendre précisément l’étendue de la poursuite.

Prenant la suite, la procureure se range à l’avis de notre avocate, et demande elle aussi que soit retenue une nullité totale de la procédure. Elle explique notamment que si en France les règles encadrant le délit de diffamation sont très strictes, c’est notamment pour défendre le droit de presse et la liberté d’expression.

Pour finir, et après les tentatives d’explications de l’avocat de Jarnias, c’est notre deuxième avocat, Maître Emmanuel Tordjman qui complète magistralement le propos de sa consœur.

Les juges se retirent pour délibérer.
À leur retour, ils livrent leur décision. Ils décident qu’en l’état de la procédure, un jugement distinct doit être prononcé sur le moyen de nullité, de telle sorte que nous n’avons pas eu à nous expliquer sur les propos reprochés. Nous n’aurons à le faire que dans l’hypothèse où le Tribunal nous débouterait de notre demande.
Les jugent rendront leur décision le 3 juillet 2024.
Il leur appartient de décider si la nullité doit être prononcée et le cas échéant, si elle porte sur l’entièreté de la citation directe, ou si elle ne s’applique que partiellement, sur quelques points.

Le cœur léger par ce début de victoire, la petite équipe de cordistes sort soudée et déterminée à poursuivre l’indispensable combat pour de meilleures conditions de travail et toujours plus de sécurité sur les chantiers.

Mouvement de contestation chez Altitude Services – Épisode 2

[suite de l’épisode 1]

Le mardi 30 avril à 16h30, l’ensemble des cordistes sont convoqués par un responsable de la société Altitude Services sur les Chantiers de l’Atlantique. Pendant près de 20 minutes, il fait part d’un « message de la direction » suite au « petit mouvement de contestation fort désagréable ». En introduction, il prévient les cordistes que ce ne sera pas une discussion : Il va parler et qu’il va donc falloir l’écouter. Le ton est donné.

Il rappelle que les IGD ne sont en rien une obligation, la direction aurait en réalité fait un « cadeau » aux cordistes en leur accordant le paiement de ces deux IGD. Pourtant, la convention collective du bâtiment est claire, l’article 8.23 y stipule : « Le remboursement des dépenses définies à l’article 8.22 [indemnité de grand déplacement] est obligatoire pour tous les jours de la semaine, ouvrables ou non, pendant lesquels l’ouvrier reste à la disposition de son employeur sur les lieux du déplacement. »

Pour la plupart des collègues cordistes, leur lieu de résidence se trouve à plusieurs heures de routes et donc il est impossible de faire le trajet aller retour en une journée. La plupart d’entre eux ont alors été contraints de rester sur place.

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Mouvement de contestation chez Altitude Services – Épisode 1

Le lundi 29 avril 2024, plusieurs dizaines de cordistes intérimaires sur le chantier naval de St Nazaire apprennent que leurs Indemnités de Grand Déplacement (IGD) du mardi 30 avril ainsi que du mercredi 1 er mai risquent de ne pas être payées, sous prétexte que le mercredi férié n’est pas travaillé. Tous travaillent pour l’ancienne entité Altitude 44 du nouveau groupe Altitude Services.

Après avoir pris connaissance de cela, plusieurs collègues se réunissent à la pause de midi pour discuter et savoir ce qu’il est possible de faire pour obtenir ce qui leur est dû de droit. Au retour de la pause, une vingtaine d’intérimaires (aucun CDI n’a pris part à la discussion) décident de ne pas retourner travailler (sans dire le mot grève) avant de savoir ce qu’il en est des IGD. Un des intérimaires appelle le responsable technique et chef de chantier d’Altitude 44 aux Chantiers de l’Atlantique, et l’informe que les cordistes intérimaires ne reprendrons pas le travail tant que la situation ne sera pas claire et réglée.

Malgré la réponse floue du responsable, l’ensemble de l’équipe décide de reprendre le travail à 14h dans l’attente d’une réponse. Ils font cependant comprendre qu’en cas de réponse négative, ils refuseront de travailler le lendemain, mardi 30 avril.

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28/05 – Parler de nos conditions de travail : de la diffamation ?

Le 23 décembre 2022, nous avons publié un article intitulé «Discrimination à la Tour Eiffel. L’action syndicale a-t-elle sa place sur le chantier de la Tour Eiffel ?»
Un collègue s’était vu éconduire du chantier quelques minutes après avoir été reconnu pour son appartenance syndicale. On l’a raconté.

Trouvant ça diffamatoire, le soir même à 22h32, des avocats de Jarnias nous adressaient un mail de mise en demeure. Nous sommant de retirer notre publication. Nous n’avons évidemment pas cédé à cette injonction en raison de l’intérêt général du sujet traité.

Puis d’autres sujets sont venus enrichir notre actualité, d’autres luttes nous ont mobilisés.

Le 21 mars 2023, un huissier est venu apporter au domicile d’Eric Louis, président de l’association, une assignation en justice. Précisément une «Citation directe devant le tribunal correctionnel de Paris.»
Du lourd. Plus de 200 pages de pièces diverses, d’annexes, de constats d’huissier… D’aucuns auraient dit de vent. Nous ne nous ne le permettrons pas.

L’audience publique aura finalement lieu le mardi 28 mai 2024, à 13h30, devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Paris.

Quoi qu’en pense Jarnias, de notre côté, on estime avoir exercé un indispensable rôle d’information du public sur un sujet d’intérêt général, à savoir la sécurité et les conditions de travail des cordistes. On ne lâchera rien.
Notre liberté d’expression ouvrière ne sera pas muselée par cette intimidation !

Dès 11 heures, nous partagerons un pique-nique solidaire devant le tribunal judiciaire, en signe de solidarité.

Avant ça, le 27 mai à partir de 18 heures, nous nous réunirons au El Zocalo, afin d’évoquer nos conditions de travail et d’envisager les moyens d’action et de sensibilisation pour renforcer notre protection.

  • LUNDI 27 MAI
    – dès 18h : discussion / rencontre au bar El Zokalo (49 r. Pixérécourt, Paris 20ème)
  • MARDI 28 MAI
    – dès 11h : pique-nique solidaire devant le tribunal judiciaire (Parvis du tribunal, Paris 17ème)
    – dès 13h30 : audience devant la 17ème chambre correctionnelle du tribunal

09/03 – MARSEILLE – Réunion pour s’auto-organiser !

Invitation réunion auto-organisation cordistes à Marseille
-> le samedi 9 mars de 16h à 19h
-> 8 rue Barbaroux, 13001


Ci-dessous l’invitation de deux collègues de Marseille

« Nous sommes 2 cordistes marseillais.es à s’être rendu.es à l’AG de Cordistes en colère, cordistes solidaires à Paris fin janvier. 
Ça nous a donné envie de recréer des liens entre cordistes à Marseille, pour parler des problèmes au travail, se connaître un peu et parler de potentielles futures actions pour faire valoir nos droits.

Pour cela, on vous invite à une petite réunion/apéro, le samedi 9 mars de 16h à 18h-19h, au 8 rue Barbaroux à Marseille.

Voilà une proposition d’ordre du jour pour vous donner une idée de ce dont on voudrait discuter, mais bien sûr on pourra le modifier le jour de la réunion !
Puis, n’hésitez pas à ramener des choses à grignoter et à boire, on pourra se faire un petit apéro pour discuter hors réunion s’il y a l’envie 🙂

►Présentation de pourquoi cette réunion
►Présentation des personnes présentes et de leurs envies
►Quel lien on veut avoir entre nous
►Est-ce qu’on veut se voir régulièrement ou pas ? Pour quel genre d’activités ?
►Quels liens on voudrait avoir avec Cordistes en colère, et/ou le collectif BTP autonome/SUD Construction
►Propositions de 2 actions
►Organisation d’une aprem exercices secours sur corde ?

N’hésitez pas à faire passer le mail à vos camarades cordistes !
Au 9 mars on espère !
« 

Courriers types – frais de déplacement

Oh, oh, oh !

Descendu de ses cordes, le père noël des prolos a concocté cette année des cadeaux sur mesure pour ses collègues de chantier. Parce que lui le sait très bien. Traverser la France en traîneau et à ses frais, c’est plus possible ! À quoi ça rime de ne jamais être chez soi, et en plus de tout claquer dans le gasoil et les frais de déplacement ? Sans heure de route. Sans IGD en calendaires…
Et le tout, pour un salaire pas franchement plus joli joli que le SMIC…
Alors le père Noël, cette année il dit STOP à son boss et il vous partage ses secrets.

Trois belles lettres à compléter et à envoyer à vos tauliers pour tous vos prochains chantiers.
N’hésitez pas à faire un retour à l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires qui l’ont aidé dans la rédaction, ils seront content de vous savoir content.
Et puis, si vous avez des questions, ils vous aideront sans hésiter.
Parce que faut bien le savoir, au plus on est à lutter, au plus c’est facile de lutter.

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ATTENTION
valable uniquement pour les conventions collectives
du Bâtiment et des Travaux Publics
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Courrier N°1 –
BILLETS DE TRAINS, GASOIL, PÉAGE, INDEMNITÉS KILOMÉTRIQUES, …

Quand on est en grand déplacement, les frais de transport domicile-chantier / chantier-domicile doivent nous être remboursés périodiquement :
– jusqu’à 250km : chaque week-end ;
– 251km à 500km : 1 week-end / 2 ;
– 501km à 750km : 1 week-end / 3 ;
– au-delà de 750km : 1 week-end / mois

On appelle ça les voyages périodiques, vous connaissiez ? Ben on y a droit tout le temps !

Courriers N°2 et 3 –
HEURES DE ROUTE, TEMPS DE TRAJET, …

Peu importe comment on les appelle, ces heures passées pour se rendre sur les chantiers en grand déplacement et en revenir ne peuvent pas être gratos !

À minima, le patron doit nous les indemniser à 50 % du salaire, et en fonction des cas (si on n’est pas libre de vaquer à nos occupations) ces heures deviennent alors du temps de travail effectif.

Courrier N°4 –
IGD EN CALENDAIRES

Les « calendaires » c’est quoi ?
C’est le maintien des IGD lors des jours de repos où on est contraint de rester sur le lieu du grand déplacement faute de prise en charge du voyage périodique. Si pas de retour à la maison de payé, c’est l’IGD qui doit être maintenu vendredi, samedi, dimanche, jours fériés et même les jours en intempérie.
Si le retour à la maison est payé, c’est le seul cas où le patron a le droit de ne nous payer qu’un panier le vendredi.

RADIO – Résistances des cordistes contre des conditions de travail inacceptables

En mai dernier, plusieurs cordistes, dont Thibaud et Ekaterina ont travaillé sur la tour Hekla dans le quartier de la défense, dans des conditions de travail indignes : matériel non fourni, mesures de sécurité non assurés. Face à ces conditions, ils font valoir leur droit de retrait. Plusieurs mois plus tard, au moment de recevoir leur paie, celle ci est amputée de nombreuses heures de travail effectués.

Micros Rebelles a interviewé Grégory Molina, membre et co-fondateur des cordistes en colères, cordistes solidaires, association qui a suivi et soutenu ces deux travailleur et travailleuse. Il nous parle des conditions de travail au sein de cette profession qui comptabilise près de 10 000 personnes en France.

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