Suite à la causerie du 30 avril, les collègues cordistes profitent du 1er mai férié pour se réunir à plusieurs avec des membres de l’association Cordiste en colère cordiste solidaire, et faire le point sur les nombreux manquements de l’entreprise Altitude Services. La liste est longue. Pas moins de 31 points de revendications sont énumérés. Pas de procédure ni de kit pour le sauvetage, pas de modes opératoires, pas de note calcul pour les points d’ancrages, très peu d’embauché.es par rapport au nombre d’intérimaires (3-4 embauché.es sur près de 80 intérimaires !), un manque criant de matériel (1 sangle, 1 mousqueton fourni par intérimaire), pas de sellette (car c’est du confort [sic]), pas de deuxième descendeur pour trianguler, etc.
À cela, s’ajoute un très fort renouvellement des cordistes sur les Chantiers de l’Atlantique. Très peu de personnes ont une longue expérience de travaux sur cordes. Il n’est pas rare de voir des collègues qui sortent tout juste de formation se retrouver avec un.e chef.fe qui n’a que 1 ou 2 mois d’expérience sur chantier. Le nombre de CQP2 présents ne remplissent même pas les doigts d’une main. La quasi totalité des 80 intérimaires ne sont titulaires que du 1er niveau de formation ! Sans parler des nombreux presque-accidents et d’un manque de respect ouvertement assumé par une partie de l’équipe encadrante.
Cette interminable liste de problèmes traduit un manque réel de considération pour les travailleurs et travailleuses, le groupe Altitude Service préférant faire des économies de bouts de chandelles au détriment de la sécurité et du bien-être au travail. Comme dit durant l’épisode 2, il nous a été impossible d’aborder l’ensemble des sujets avec la direction le jour de la « causerie » mais aussi les jours précédents. Plus largement, c’est bien depuis de nombreux mois (voire années), que ces problèmes s’accumulent et sont signalés sans que la direction daigne prendre les mesures adéquates. La seule solution pour faire avancer les choses, mais aussi pour éviter un drame sur les bateaux, est de faire remonter les manquements de l’entreprise directement aux Chantiers de l’Atlantique qui restent les donneurs d’ordres. Les nombreuses revendications énumérées par les cordistes le 1er mai, sont mises dans un courrier, qui est envoyé le 13 mai.
Toute la semaine, pas de nouvelles de la direction, rien de nouveau pour les travailleurs et travailleuses. Le vendredi 17 mai, dès 8 heures, l’ensemble des intérimaires et CDI sont convoqué.es pour des réunions avec la direction. Pendant deux heures, le patron d’Altitude Services questionne les salarié.es, évoquant à peine le courrier. Le dialogue est amorcé. La direction reconnaît certains problèmes et dit en découvrir d’autres. Ils avancent certaines pistes d’amélioration en proposant d’acheter du matériel et de réfléchir aux conditions de sécurité. Sans trop s’engager. Achat de quelques RIG, fourniture de tuyaux de pompier en guise de protèges cordes, réflexion sur des kits de sauvetage, etc. Sur les procédures de sauvetage en cas d’accident, le responsable ancien cordiste le rappelle, si ça arrive, il faut faire comme on peut. Pas vraiment le genre de mesure que le code du travail attend d’un chef d’entreprise… Près de la moitié des points de revendications ne sont pas abordés, dont notamment les questions des salaires. La direction clot la réunion promettant une synthèse écrite de ses engagements.
Deux semaines plus tard, toujours aucun retour écrit de leur part. Ni auprès des salarié.es. Ni auprès de l’association qui se fait le relais des revendications. Les conditions de travail ont peu évolué et toujours pas de modes opératoires, de protocoles de sauvetage ni de kits associé et disponible en nombre suffisant sur chantier. La direction jouerait-elle la montre ? Attend-elle la fin de la construction du bateau pour mettre l’ensemble des intérimaires dehors et pouvoir embaucher des nouvelles personnes fraîchement sorties de CQP 1 ?
Espérons nous tromper. D’autant que ce serait oublier que les cordistes (même débutants) savent se tenir informé.es des mauvais coups qui sont faits à leurs collègues et qui pourraient leur arriver à eux aussi.
Car, comme dit l’adage, on sait ce que l’on quitte, on ne sait pas ce que l’on prend. Quoi qu’il en soit, nous restons déterminé.es pour garantir nos droits, notre sécurité et obliger l’entreprise à se conformer à la réglementation.
La lutte continue, nous ne nous laisserons pas avoir par de fausses promesses.
La suite au prochain épisode
Et pourquoi libérer les sellettes ?
Pendant plusieurs semaines certaines boites d’intérim ont fourni des sellettes à leurs intérimaires. Sous prétexte que ça leur prendrait du temps, la direction a prétexté qu’elle ne les avait pas reçues et a refusé de les donner. Elles sont restées 3 semaines dans leurs cartons à défaut d’être accrochées à nos harnais. Il a fallu une intervention des boites d’intérim pour que les sellettes soient remises aux intérimaires.