Connue de tous les cordistes
La société Cabestan est tristement connue comme le loup blanc dans la profession de cordiste.
Peut-être l’entreprise la plus citée lorsqu’on demande aux collègues d’évoquer leurs pires expériences de travail. Tristement connue aussi pour ses multiples accidents, dont le décès d’un collègue sur un chantier en Guyane en juillet 2016.
Depuis les bientôt cinq ans d’activité de l’association, les remontées de collègues concernant cette société s’accumulent.
La première venait de Vincent, qui en 2019 avait eu l’audace de ne pas accepter la prolongation de son contrat après qu’il avait trouvé de meilleures conditions ailleurs. La réponse ne s’était pas fait attendre : blacklistage en règle de la part de l’agence d’intérim, qui avait répondu sans sourciller aux exigences d’Amancio Novais, « Dirigeant / Général / Manager » de Cabestan :
« Il va falloir faire quelque chose pour qu’ils arrêtent de mener la barque et de tenir leurs engagements [sic !], cela en va de la viabilité des entreprises.
Merci de faire le nécessaire afin de remplacer ces personnes afin que nos chantiers continuent.
Les négociations se passent en amont et non en plein milieu d’un chantier, nos engagement et nos implications ne doivent pas capoter à cause de chantage de la part de Cordistes. »
Le ton était donné, et serait systématiquement confirmé par les récits de collègues que l’association continue de recevoir année après année.
Toujours les mêmes problèmes
Plusieurs éléments caractérisent immuablement ces remontées :
Systématiquement, les collègues témoignent de chantiers réalisés exclusivement par des intérimaires, pour la plupart débutants. À se demander où sont les embauchés de cette entreprise. Rares sont les équipes comprenant un CQP 2 (CQP TC) ou équivalent. Constamment, le matériel est manquant, qu’il s’agisse d’EPI ou d’outillage. Longtemps il était systématiquement exigé aux intérimaires de fournir l’intégralité de leur propres EPI. Harnais et agrès. OK, ça c’était classique. Mais aussi : sangles, mousquetons, protège-cordes, protège-acrotère… À se demander si cette société a bien compris les subtiles différences entre les statuts d’indépendant et d’intérimaire.
Début 2022, un collègue s’était fait virer d’un chantier avant la fin de sa mission parce qu’il n’avait pas de kit EPI à fournir. Réactif, le collègue avait réussi à faire intervenir l’inspection du travail, qui après une visite du chantier avait dressé un procès-verbal.
Depuis, des témoignages font état de kits fournis par Cabestan.
Une avancée ? Pas complètement.
Dans l’agence sud, où les deux à trois équipes de cordistes sont composées à 100 % d’intérimaires, des collègues rapportent se voir fournir seulement deux sangles et deux mousquetons chacun. Le reste, c’est à eux de l’acheter pour mettre en place leurs amarrages. Après une énième réclamation pour en obtenir davantage, l’un de ces collègues se souvient d’avoir reçu une explication qui disait en substance : « Les sangles, on vous en fournit pas trop, parce que vous les abîmez, vous en prenez pas soin. C’est du jetable très vite, du coup c’est une dépense énorme pour Cabestan. Et en plus, c’est du tissu et, comme vous en utilisez beaucoup, et ben c’est pas très écolo. »
Évidemment, en matière de respect des règles conventionnelles sur l’indemnisation des déplacements, Cabestan ne cherche pas non plus à sortir du lot des nombreuses entreprises du BTP qui s’assoient ouvertement dessus. Pas de voyage périodique (remboursement des frais de transport), pas de paiement en calendaires des IGD (indemnités de grand déplacement), pas d’heures de route, et des montants d’IGD clairement en dessous des barèmes. Un collègue rapportait même que, envoyé bosser en Guyane avec l’engagement que ses billets d’avion seraient remboursés, il s’est heurté à une fin de non-recevoir une fois rentré en métropole et ses justificatifs transmis. Côté rémunération, le fait de recruter beaucoup de débutants permet de maintenir facilement des taux horaires au raz des pâquerettes. Le paiement des heures supplémentaires n’y est pas toujours une évidence, Cabestan n’hésitant pas à demander aux intérimaires de justifier certaines tâches accomplies pour que, peut-être, elles donnent droit au paiement des heures de travail effectuées.
Plusieurs témoignages de collègues font état de chantiers en période de canicule sans eau potable à disposition. D’autres évoquent des réprimandes et obstacles à faire stopper des chantiers exposés à des vents forts.
Dans ces conditions, les intérimaires vont et viennent, et surtout ne reviennent plus. Un véritable turn-over qui fait que les chantiers sont trop souvent réalisés par des cordistes qui découvrent chaque lundi matin leur nouveau chantier en même temps que toute l’organisation (ou plutôt la non-organisation) de l’entreprise. Y a-t-il encore des cordistes non-intérimaires sur les chantiers de Cabestan ? Peut-être aucun, semble-t-il. De leur côté, les responsables ne passent pas, ou que peu, sur les chantiers, si ce n’est pour s’assurer de leur avancement. Exit, donc, la supervision des travaux de telle sorte qu’un secours puisse être immédiatement porté au travailleur en cas d’urgence. Exit les réels accueils de sécurité renforcée pour les intérimaires. Exit la transmission des modes opératoires et des plans de prévention. Des documents que personne ne voit jamais. On ne parlera même pas des obligations légales concernant les notices et notes de calcul pour les points d’ancrage.
Mais le livret d’accueil, dont il est demandé aux intérimaires d’accepter les termes par leur signature, avertit : « En cas d’incidents, aucun technicien ne peut se disculper de sa responsabilité, car il connaît parfaitement son métier et les sécurités à observer. »
Bien qu’étant la plupart du temps débutants et parfois à peine formés, certains intérimaires connaissent justement leur métier et les sécurités à observer.
Récemment, c’est après l’exercice de leur droit de retrait que des intérimaires ont vu leur mission interrompue. Et, si ça ne suffisait pas, la fin du mois arrivée, c’est sur leur fiche de paye qu’ils ont eu une belle surprise : trois heures rémunérées pour sept jours de travail effectifs !
Blacklistée par les agences d’intérim spécialisées
Dans ce cas particulièrement grave, comme dans tous les autres ayant fait l’objet de courriers de l’association, Cabestan n’a jamais saisi les invitations au dialogue.
Les agences d’intérim spécialisées décidant une à une de ne plus y déléguer d’intérimaires, Cabestan, imperturbable, change inlassablement de crèmerie. Souvent basées à Évreux. Pourquoi ? RC Intérim, Air Intérim, Menco, Actrium GTS… Qu’importe le fait qu’elles soient spécialisées et qu’elles connaissent ou non les spécificités essentielles des travaux sur cordes, l’important semble qu’elles soient en mesure de fournir de la main-d’œuvre, docile si possible.
« Pas de caractériels ni de marginaux », demandait récemment Amancio Novais dans un mail adressé à l’agence d’intérim Actrium Évreux GTS. « Nous ne voulons pas de problème pendant la durée de la mission, donc merci de faire en sorte que rien n’arrive. »
Dans de telles conditions, ce sont souvent des collègues débutants, à peine formés et n’ayant pas connaissance des antécédents de la boîte, qui acceptent d’être ainsi recrutés.
En juillet 2016, Joshua, un collègue cordiste de 30 ans et père d’une petite fille, perdait la vie sur un chantier en Guyane de la société Cabestan. Il était sous contrat de mission avec l’agence RC Intérim.
Depuis, les accidents continuent de se produire sur les chantiers de la société Cabestan. Aucun nouvel accident mortel heureusement, mais jusqu’à quand ?
Pour qu’enfin cessent les pratiques dangereuses et indignes
Dans ce contexte, il va de notre sécurité à toutes et tous de ne plus accepter ces pratiques.
Jamais l’association n’avait pris une telle position ferme et formelle vis-à-vis d’une société.
Mais le contexte l’impose.
Aussi, sans changement significatif au sein de la société Cabestan, nous invitons :
● tous les cordistes à refuser systématiquement les missions proposées pour la société Cabestan ;
● toutes les entreprises de travail temporaire à refuser de déléguer des salariés à la société Cabestan.
Plus largement, nous invitons toutes les personnes ayant eu des problèmes au cours d’une mission avec cette société à nous faire part de leur témoignage, à envoyer ici : contact@cordistesencolere.fr
Des procédures devant le conseil des prud’hommes vont être lancées.
N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez vous y joindre.
Pour la santé et la sécurité au travail.
Pour la dignité des travailleuses et travailleurs.
C’est la même chose que nous vivons ici au Gabon avec la Société Cordiste CI.DES, le non respect des procedures Irata, non respect du personnel, non respect des EPI qui à même entrainer le décè d’un collègue sur chantier, vraiment si vous pouvez envoyer des équipes pour des audites et inspection à cette Société qui maltraite les techniciens cordistes svp
De 1971 à 2003, les pisteurs-secouristes ont eu une moyenne de 1 mort par an enfouis dans les avalanches qu’ils déclenchaient (pour 2000 personnes environ sur 5 mois de travail dans l’année). Depuis qu’une condamnation (en 2006) d’un employeur pour « faute inexcusable » pour ne pas avoir équipé son personnel de sac airbag, la statistique c’est considérablement améliorée. Il y a eu des décès par l’utilisation de DTOC (nonel) et un seul par enfouissement, sac non déclenché.