Récit de l’accident de travail de Jean-marc
Villeneuve-loubet (06), février 2015
(SARL Alpes azur aventures)
En février 2015, Jean-marc travaille comme cordiste à la maintenance du « Bois des lutins », un parc de loisir situé à Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes.
Le 13 février, il fait une chute de 7 mètres au moment où il engage sa descente depuis une cabane dans les arbres. Pour une raison inconnue, le descendeur n’a pas assuré sa fonction de freinage.
Ne travaillant que sur une seule corde, aucun système d’arrêt des chutes ne l’a retenu. Il heurte violemment le sol sur le dos. Ce qui lui provoque de multiple fractures à la colonne vertébrale.
L’inspection du travail mettra en lumière le fait que l’employeur (SARL Alpes Azur Aventure) demandait aux salariés de ne travailler que sur une seule corde. Une deuxième corde de sécurité n’était préconisée seulement « en cas d’utilisation d’outils tranchants ». Des consignes de travail en totale contradiction avec les B-A-BA de la réglementation des travaux sur cordes.
Depuis l’accident, Jean-marc n’a pas retravaillé. Il ne pourra plus exercer le métier de cordistes. Le port de charges lui est impossible et il risque de voir son état de santé se dégrader au fil du temps. Il a perdu 4 cm de sa taille et souffre encore aujourd’hui de nombreux rhumatismes et d’arthrose de la colonne vertébrale.
Le 6 mars 2020, a eu lieu l’audience au Pôle social du tribunal de Toulon pour se prononcer sur la faute inexcusable de son employeur.
Le 30 avril, le jugement est rendu. La faute inexcusable de l’employeur est reconnue à 100 %, mais les indemnités accordées à Jean-marc sont réduites de moitié par rapport à la somme demandée avec son avocat.
En parallèle, et malgré trois infractions relevées par l’inspection du travail, le 2 février 2020, le parquet de Grasse classe l’affaire au prétexte qu’elle « ne justifie pas de poursuite pénale ».
Un simple rappel à la loi est envoyé à l’employeur.
Jean-marc a déposé un recours auprès du Procureur Général d’Aix-en-Provence pour contester cette décision.
L’association Cordistes en colère, cordistes solidaires a appuyé ce recours par un courrier adressé au Procureur Général en appuyant sur le fait que ce type de pratiques ne sont malheureusement pas isolées dans la profession de cordistes. Pratiques encore persistantes au nom d’une certaine maîtrise individuelle des risques, au nom d’un hypothétique rendement. Pratiques tolérées et parfois entretenues par certains employeurs. Pratiques qui ont notamment coûtées la vie à Michaël sur un chantier urbain à Nîmes en mars 2018 et à François sur un chantier TP près de Nice en Juillet 2018.
Jean-marc est toujours en attente de la réponse à son recours.
Le 6 mars 2020 à Toulon, Jean-marc a prit le temps de revenir sur cet accident.
Au travers d’un témoignage touchant, il nous éclaire sur les conséquences d’un accident grave, les embûches judiciaires qui suivent, ainsi que sur les mécanismes qui parfois peuvent nous mener à accepter de travailler dans une situation que l’on sait pourtant dangereuse.