Sont autant de mots qui s’accordent pareil au féminin et au masculin. Cependant, sur le terrain, nous, cordistes meufs, subissons des inégalités de traitement. À l’instar de nos collègues hommes nous avons une voix à élever et des revendications à faire entendre.
Si nous représentons 2% de la profession, chacune est consciente de l’environnement essentiellement masculin dans lequel elle évolue. Parce que nous sommes doublement exploitées, nous sommes en première ligne dans la lutte pour nos conditions de travail. Soyons uni.es sur les sujets qui touchent tou.te.s les cordistes mais aussi sur nos revendications spécifiques.
Nous soulevons quatre points qui touchent particulièrement les meufs de la corde :
• Les vêtements de travail et les EPI. Cet aspect concerne d’ailleurs toutes les morphologies hors norme. L’équipement c’est la base, notre efficacité et notre sécu en dépendent. Les gants en taille 7 existent, les baudriers taille 0 ou les chaussures en 36 existent. Pourquoi faut-il batailler pour en obtenir, que ce soit auprès des boîtes de corde ou d’intérim, voire les acheter de sa poche ?
« […] La force de caractère, la personnalité, la détermination des femmes que j’ai suivies dans leur métier me laissent penser que la marche vers l’égalité, ne va pas de soi. J’ai constaté, tout au long de mon travail, que ces femmes qui ont choisi de faire un métier, jadis réservé aux hommes, ne sont pas au bout de leurs peines. Les lois, les comportements sont encore en retard.
En passant de la chirurgienne à la mécanicienne j’ai été témoin d’une vraie bataille de tous les jours. Les mêmes propos reviennent constamment : « Être sans faille – Pas le droit à l’erreur – Faire toujours deux fois mieux – Être toujours présentable – Encore et encore prouver que l’on est capable de… »
La réalité est là. Les droits des femmes ne sont pas le fruit du hasard. C’est par leur action quotidienne, leurs luttes que les femmes ont obtenu des changements dans les mentalités et les lois. […] »
Extrait du récit de Lily Franey, dans la revue Fragments #6, revue de littérature prolétarienne, à propos de ses multiples reportages photographiques sur le travail féminin dans le monde ouvrier, dont son exposition « Le travail féminin singulier » réalisée en 2005.