C’est reparti, une autre équipe organise une journée secours sur corde et échanges autour de nos conditions de travail. Cette fois-ci ça se passera ce dimanche 18 mai à Toulouse.
Au programme : révision des techniques simples de sauvetage sur cordes le matin, un repas partagé, puis l’après-midi réunion locale cordistes avec deux thèmes de discussion : la question du sexisme au travail & les risques spécifiques selon les chantiers.
Pense à prendre ton casque + ton kit si tu en as un.
Le vendredi 7 mars 2025, l’entreprise CAN était jugée pour homicide involontaire sur la personne de Régis Brugière. Le 27 août 2018, sans aucune formation en la matière, ce jeune cordiste de 38 ans est envoyé fragmenter un rocher à l’aide de cartouches pyrotechniques de catégorie P2. Heurté à la tête par un éclat de roche au moment de l’explosion, Régis meurt sur le coup.
« Plaise au tribunal que je montre la photo du bonheur d’une mère, la dernière de mes trois beaux garçons en pleine forme, unis, joyeux, heureux dans leurs vies personnelles, pères de famille responsables et aimés. Voilà notre famille une semaine avant qu’elle ne soit détruite ! »
Il est midi. Pile au mitan de cette audience qui durera six heures. Martine est à la barre. Courageusement, elle livre sa pensée. Sa vision des choses. Sa révolte. Son chagrin de mère. Dignement, calmement, posément. Comme elle l’a fait le matin même, droite face à la caméra des journalistes de France 3. Comme elle l’avait fait face à celle de Franck, en 2021, devant les portes obstinément closes de la CAN, l’entreprise au sein de laquelle son fils a perdu la vie. Les trois prévenus sont à quelques mètres d’elle. Têtes basses. Plus de six ans qu’elle attend ce moment.
« Au vu de ce qu’il m’ apparaît dans ce dossier, rien n’a été mis en œuvre par les personnes jugées ce jour pour protéger leur ouvrier, je les qualifie d’imprévoyants, de désinvoltes et finalement d’incompétents puisque responsables par leurs manquements divers du décès de mon fils. »
Plus de six ans qu’elle attend des réponses à ses questions.
« Je veux comprendre comment des dirigeants de cette société ont traité le sujet de la sécurité avec tant de désinvolture. »
Questions auxquelles les dirigeants de la CAN n’ont jamais daigné répondre. Et pour cause ! Bombardés de ces questions par l’avocat de la famille et par Grégory, au nom de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires, qui s’est constituée partie civile, Cédric Moscatelli et Ludovic Mouche n’offriront que des réponses bredouillées. Des explications oiseuses. Une dérobade constante et insupportable. Évoquant la responsabilité d’un lampiste. Jusqu’à celle de Régis lui-même. Inévitable ritournelle des inculpés s’agissant de la mort d’un de leurs employés. Desquels ils sont pourtant tenus de préserver la santé, et d’assurer la sécurité au travail. Après qu’elle les a entendus, pour Martine la conclusion est claire : « Je considère que ces personnes, par leurs agissements ‒ manque de formation pour ce qui concerne Régis et manque d’information pour ce qui concerne l’ensemble du personnel ‒, méritent parfaitement d’être considérées comme hors la loi, et à ce titre durement réprimées. »
Martine retourne s’asseoir auprès d’Émilie, la femme de Régis. Et de Jennifer, la femme de Wilfried, un de ses deux autres fils. Trois femmes côte à côte. Trois femmes unies dans une même douleur. Trois femmes qui pleurent la perte d’un être cher. Puis d’un second. L’an dernier, Wilfried, le frère aîné de Régis, était emporté par la maladie. Lui qui avait lutté pour l’avènement de la vérité n’assistera pas à l’audience du procès de la mort de son frère. Le malheur sait frapper plusieurs fois au même endroit.
Laurent, le cadet de la fratrie, est absent. Il vit en Australie.
On organise une journée secours sur corde et échanges autour de nos conditions de travail le samedi 12 avril dans les calanques à Marseille.
Au programme : pratique des secours le matin, un repas partagé, puis échanges sur les actus de la profession et nos conditions de travail l’après-midi.
Module prévention des risques et droits des travailleurs pour nos alternants ! Le GRETA à Die organise pour tous ses alternants, un module de formation à la prévention des risques et aux droits des travailleurs, dispensé par l’association Cordistes en Colère, Cordistes Solidaires (CCCS).
Au programme : • Historique de la profession (origines, développement et ses différents acteurs). • Questions fréquentes du droit du travail (droit de retrait, conventions collectives, grille de salaire, heures de route, déplacements, fourniture des EPI, …). • Prévention des risques, type d’accidents les plus récurrents et conséquences pour les accidentés. • Formations existantes et réglementation applicable aux risques spécifiques les plus courants dans le métier de cordiste (chutes de hauteur, risques naturels, espaces confinés, consignations, protections respiratoires, risques industriels, amiante, plomb, explosifs, conduite d’engins…)
Encore un grand merci au Greta de Die pour leur confiance.
Une super journée d’échanges avec les alternants, un partenariat qui se pérennise.
Mardi 19 nombre 2024, l’association était invitée au parlement européen pour y délivrer quelques informations sur les conditions de sécurité dans le métier.
Une modeste contribution aux côtés des témoignages d’autres secteurs d’activité : les cadences et amplitudes horaires infernales dans le secteur des soins à la personne en Suède, les conditions de travail au Danemark, en Italie, en Espagne, les travailleurs précaires et sans papier en Suède, les travailleurs viticoles en France, etc. Les témoignages s’enchaînent et sont complétés de données plus transversales et européennes. Mais surtout des témoignages et revendications de familles du collectif Stop à la mort au travail.
En 2021, la commission européenne se targuait d’adopter la «Vision zéro» à l’égard des décès liés au travail. Sans mesures spécifiques. Sans moyens débloqués.
Au parlement européen, ces 18 et 19 novembre aboutiront à une proposition de 14 mesures à intégrer aux futures directives européennes portées par deux députés (Marina Mesure et Anthony Smith) : un observatoire européen des morts au travail, des formations dès les collèges et lycées, des formations obligatoires pour les employeurs, un objectif européen à 1 inspecteur du travail pour 5000 salariés (1/12 000 aujourd’hui en France), le renforcement des sanctions pénales, la création d’un fond européen pour les familles de victimes d’accident du travail, etc.
Nous ne sommes pas dupes, les arcanes de la politiques sont plus tapissées de promesses que d’actes, surtout dès que les enjeux économiques se dressent.
Pas d’illusions a avoir.
Juste la parole de travailleuses et travailleurs à porter.
Juste la réalité des conditions de travail à marteler, à ne pas laisser sous silence.
VIDÉO de notre intervention : https://youtu.be/dLiAcm0fj2s
Vendredi 7 mars 2025, se tenait enfin l’audience correctionnelle de l’accident ayant coûté la vie à Régis, cordiste décédé en août 2018 après avoir été percuté à la tête par un impact de roche propulsé par l’explosion qu’il était chargé de déclencher. Bien que titulaire d’aucune formation, son employeur, la société CAN, l’avait chargé ce jour-là de manipuler du Mulvex. Cartouche pyrotechnique de catégorie P2 dite de « déroctage », le Mulvex, bien que non-détonant, n’est autre qu’un produit explosif présentant des risques très élevés lors de son utilisation. Pour cela, deux formations sont obligatoires : un certificat de préposé au tir (CPT) + une formation spécifique relative aux cartouches P2 dispensée exclusivement dans un centre agréé par le ministère de l’environnement. Régis, comme la plupart de ses autres collègues de la CAN au moment de l’accident, n’avait ni l’une ni l’autre de ces formations lorsque son employeur lui demandait d’utiliser ces cartouches P2.
La société CAN, jugée pour homicide involontaire, comparaissait donc pour répondre de ses responsabilités devant le tribunal correctionnel de Grasse. Durant 6h d’audience, cette société de 400 salariés n’a cessé de clamer son innocence, rejetant en bloc toute responsabilité sur une soit-disante imprévisibilité de la victime elle-même, et sur des erreurs exclusives du chef de chantier chargé de l’opération. Questionné sur l’absence de procédure écrite, et sur les multiples salariés qui attestent eux aussi avoir toujours été chargé d’utiliser ces produits explosifs sans disposer de la moindre formation, Cédric MOSCATELLI, directeur général du groupe CAN, affirme qu’il n’était pas au courant et que des consignes orales de quelques minutes étaient suffisantes…
En fin d’audience, la procureure, qui voit dans la victime « un salarié sacrifié sur l’autel de la rentabilité » a requis 24 et 30 mois de prison avec sursis ainsi que 10 000 et 15 000€ pour les deux prévenus (chef de chantier et chargé d’affaire). Concernant la société CAN, elle a requis 70 000€ d’amende pénale.
Le tribunal rendra son délibéré le 16 avril prochain.
Ci-dessous la revue de presse des articles JT ayant couvert l’audience :
Hier, lundi 4 mars, la Cour d’appel de Montpellier a rendu son jugement concernant le grave accident dont avait été victime Adrien en chutant de 10 mètres au travers d’un toit industriel du port de Sète, en 2015.
Condamnée une première fois en première instance, la société SUD ACROBATIC et son gérant Sébastien Gimard avaient fait appel de leurs condamnations. La Cour d’appel a tranché et condamné de nouveau l’entreprise et son gérant à 3000€ d’amende pour SUD ACROBTATIC et 6 mois de prison avec sursis pour Sébastien Gimard.
Sur le plan civil, l’entreprise et son gérant ont été jugés « entièrement responsables du préjudice subi par Andrien Santoluca et ont été condamnés à lui payer la somme de 1 000 euros ».
Les indemnités liées à ses nombreux préjudices seront demandées dans une autre procédure au civil, devant le Pôle social du tribunal judiciaire qui devra statuer sur la faute inexcusable de l’employeur.
Nous donnerons plus de précisions sur ce jugement lorsque les motivations écrites de la Cour auront été rédigées.
En tout cas, encore bravo à Adrien pour son courage et sa détermination à faire reconnaître et condamner des pratiques si courantes mais tout autant inacceptables, notamment en terme d’absence de planification et de supervision des travaux en hauteur.
C’est par ce type de jugement que notre profession pourra enfin être tirée vers le haut !
Vendredi 7 mars 2025, l’entreprise CAN sera jugée pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Grasse (06). Régis, travaillait comme cordiste pour cette entreprise spécialisée dans les travaux sur cordes en milieux naturels. Fin août 2018 il est envoyé sur un chantier des Alpes-Maritimes pour fragmenter un rocher de plus d’une tonne obstruant un sentier. Pour faire péter l’imposant obstacle, l’employeur le charge d’utiliser des cartouches pyrotechniques de catégorie P2. Régis, comme tous ses collègues à la CAN, ne dispose pas des formations adéquates. Régis n’a même aucune formation pour cela. Heurté à la tête par un impact de roche au moment de l’explosion, il meurt sur le coup. Six longues années après, la justice se penchera enfin sur les responsabilités ayant conduit à ce terrible accident. Aux côtés des proches de Régis, l’association Cordistes en colère cordistes solidaires sera partie civile et appelle à un rassemblement de soutien dès 7h30 devant le tribunal.
Podcast de 85 min diffusé en direct le 18 /11/2024 sur Micros Rebelles
À l’occasion du cinquantenaire de la catastrophe minière, le collectif Liévin 74 proposait fin 2024 une dizaine d’initiatives afin de revisiter la catastrophe et ses commémorations avec un pas de coté : interroger les notions de courage et de sacrifice pour une cause nationale et économique et remettre en question la notion de fatalité. Parmi ces événements, un plateau radio public était organisé le samedi 30 novembre autour du livre de Matthieu Lépine L’hécatombe invisible, avec Éric Louis, de l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires, Thomas Suel, poète, slammeur. Et avec la participation de Annick, pour les extraits de L’hécatombe invisible et, à la technique, Roxane.
Sur une large part de l’émission, Éric Louis revient sur les conditions de travail des cordistes et nos multiples luttes pour faire faire et tenter d’enrayer les accidents du travail. Des luttes actuelles, qui sur de nombreux points trouvent échos et enseignements dans les luttes du passé.