En ce début d’année très chargée pour l’association, on vous propose une petite soirée d’échange et de discussions ! Pour la première fois, on intervient dans les Hautes Alpes pour se rencontrer entre cordistes qui habitent ou qui travaillent dans le coin. On se retrouve le 8 novembre au café associatif le Blaisance à Tresscleoux.
Au programme : – 18h venez discuter de vos conditions de travail, – 19h30 repas ouvert à toutes et à tous, – 20h15 projection du film « Cordiste une professions mortel » suivie d’un échange sur les accidents de travail.
On vous attend nombreux et nombreuses le 8 novembre au Blaisance. Si tu connais un.e cordiste dans le coin, transmets lui le message pour venir nous rencontrer !
Le 30 mars 2023, une explosion détruit une partie du haut-fourneau n°4 du site d’Arcelor Mittal de Dunkerque. Suite à ça et durant les mois d’avril et mai, près d’une centaine d’ouvriers dont des dizaines de cordistes de deux sociétés distinctes interviennent dans les décombres et sur les structures calcinées, notamment pour la dépose de la toiture et de la charpente.
Au bout de près de deux mois de travaux les salariés apprennent que la majeure partie des structures sur lesquelles ils interviennent contiennent de l’amiante ou sont recouvertes de poussières amiantées.
Durant ces deux mois, il découpent, meulent, déposent, déplacent,… autant de matériaux amiantés sans aucune protection, formation, ni procédure adaptées.
Fin août 2025, l’inspection du travail de Dunkerque a établi un procès verbal établissant les manquements d’Arcelor Mittal et des sociétés sous-traitantes. Ce PV est transmit au parquet de Dunkerque qui décidera des éventuelles suites judiciaires au niveau pénal.
L’ensemble des salariés ayant travaillé dans cette zone au cours de cette période ont donc été exposés à une quantité importante de fibres d’amiantes. Pour rappel, la particularité de l’exposition à l’amiante est qu’elle ne présente pas de dose seuil en dessous de la laquelle il serait certain de ne pas développer de pathologie. Ainsi, même quelques fibres d’amiantes peuvent, plusieurs années après, déclencher des pathologies graves dont des cancers.
À ce titre, et depuis près de 15 ans, la jurisprudence est extrêmement favorable pour les victimes de telles expositions en leur permettant de reconnaître un préjudice dit d’anxiété, du fait de devoir vivre toute sa vie avec pour épée de Damoclès le risque d’un jour développer une pathologie.
Plusieurs collègues concernés s’apprêtent à saisir le conseil des prud’hommes de Dunkerque pour demander réparation. Ils sont accompagnés par un cabinet d’avocat spécialisé et l’association ARDEVA basée sur Dunkerque. Le dossier à déposer est simple et vous n’auraient pas de frais d’avocat à avancer (honoraires sur un pourcentage de l’indemnité que vous obtiendrez).
SI VOUS FAÎTES PARTI DES CORDISTES EXPOSÉS sur ce chantier, c’est le moment ou jamais de vous joindre à cette procédure et obtenir réparation. En effet, vous avez DEUX ANS pour lancer la procédure à compté du moment où vous avez été informés (remise de la fiche d’exposition, ou réception du courrier de l’inspection du travail). Pour certains, ce délai arrivent à échéances dans les jours et semaines à venir ! À noter que la procédure sera dirigée uniquement contre Arcelor Mittal et non pas contre vos employeurs.
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Pour toute information et/ou engager cette procédure, CONTACTEZ DONC AU PLUS VITE :
• L’association ARDEVA de Dunkerque :
03.28.51.16.87 / ardeva5962@orange.fr
• L’association Cordistes en colère, cordistes solidaires :
06 14 70 89 32 / contact@cordistesencolere.fr
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De telle exposition ne sont malheureusement pas isolés dans le quotidien des chantiers.
Pour une fois, tout est facilité pour obtenir réparation et rappeler que ces manquements ont des conséquences graves qui ne peuvent être banalisées !
Alors aucune hésitation à avoir, défendons nos droits !
Mais ?! On est en septembre, ils sont à la bourre ces cordistes en colère et solidaires ! Et oui, à la bourre sur tout les amis. Mais toujours combatifs, et sur tous les fronts à la fois en réalité. L’année 2025 a débuté sur les chapeaux de roues et a poursuivi sur sa lancée sans discontinuer. Procès de l’accident d’Adrien (Sud Acrobatic) à la Cour d’appel de Montpellier, dès le 10 janvier. Procès de l’accident ayant coûté la vie à Régis (CAN) au tribunal correctionnel de Grasse, en mars. Celui de l’accident de Quentin (CAN encore…) au tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse, en juin. Puis celui d’un autre collègue encore accidenté à la CAN devant le Pôle sociale de Valence (plus d’infos à venir), aussi au mois de juin…
Tout ça faisait suite à 2024, également bien chargée avec le procès CAPRAL en décembre, le procès de l’accident de Théo chez Altitude construction en novembre (des nouvelles viendront bientôt) et une énième audience pour Fanny, compagne de Vincent décédé au côté d’Arthur il y a maintenant 13 ans sous des tonnes de sucre d’un silo de Cristal Union. Mais 2024 c’était surtout une hécatombe… quatre collègues qui perdaient la vie : Philippe, Marc, Iason et Chérif…
Sans compter également les accompagnements du quotidien, avec des collègues qui se relaient chaque mois pour tenir la permanence téléphonique de l’association, en se donnant pour mission d’écouter, rassurer, encourager, conseiller et accompagner les multiples collègues confrontés aux bassesses et à la dureté implacable du monde du travail.
Le 2 février 2022, Quentin a 22 ans et travaille pour la CAN en contrat de professionnalisation, il alterne formation et chantier. Ce jour-là, lui et son équipe sont envoyés sur une route départementale de l’Ain pour aller vider un grillage triple torsion rempli de blocs de roches décrochés de la falaise. En milieu de journée, Quentin est surpris par l’éboulement d’une partie des roches qui ne lui laissent pas le temps de s’écarter, le frappent au thorax et l’ensevelissent au niveau des jambes. Atteint de multiples fractures aux deux jambes, Quentin met de nombreux mois à remarcher mais garde des séquelles importantes qui l’obligent d’arrêter le métier de cordiste. Après une enquête de l’inspection du travail établissant de nombreux manquements de son employeur, le parquet de l’Ain décide de renvoyer la société CAN devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires du fait de l’absence d’informations spécifiques à l’intervention et absence de formation adaptée aux risques du chantier. Ce mardi 3 juin 2025, Cédric MOSCATELLI, représentant légal de la société était convoqué à la barre pour s’expliquer de ces chefs d’inculpation. Après une longue audience, son avocat réclame la relaxe de la CAN regrettant un «procès d’intention» visant à «faire porter sur le dos du chef d’entreprise toute la misère du monde». Les juges se retirent et délibèrent le jour même : La CAN est reconnue coupable de tous les chefs d’inculpation et condamnée à 40.000€ d’amende + 800€ à verser au syndicat Solidarité cordistes, partie civile aux côtés de Quentin, au titre du tord causé à l’intérêt collectif de la profession. Une procédure civile est menée en parallèle pour indemniser les préjudices de Quentin. La CAN a dix jours pour faire appel. Dans le cadre de l’accident ayant coûté la vie à Régis en 2018, la CAN et son délégataire ont fait appel dans les jours qui ont suivie leur condamnation par le tribunal de Grasse. Affaires à suivre…
À venir, un récit plus complet de l’accident de Quentin et du déroulé de l’audience.
Ci-dessous, l’article paru dans l’édition d’aujourd’hui du Progrès :
Depuis la période Covid, combien de formations ou accueils sécurité ne sont plus organisés sur le temps et le lieu de travail ? Formation renforcée à la sécurité quand on est intérimaire ou en CDD (livret d’accueil), accueil sécurité pour pénétrer sur un site sensible, … Pour de nombreuses formations du quotidien des chantiers il nous est maintenant demandé d’utiliser des supports numériques en e-learning. Un simple lien envoyé par mail ou sms dédouane l’employeur de ses responsabilités et nous charge d’avoir validé la formation le lendemain avant l’embauche. Outre le format largement questionnable de ces formations low-cost maintenant devenues monnaie courante (aucun accompagnement), se pose aussi la question de la rémunération du temps passé, sur notre téléphone ou ordi perso, le soir chez nous, dans le camion pendant que le collègue conduit sur le retour, … Souvent assez courts dans leur début, ces E-learnings sont maintenant de plus en plus longs et peuvent durer jusqu’à plus de deux heures parfois !
Mais alors temps de travail effectif ou pas ?
Ben, oui déso. Le code du travail et son article L6321-2 ne laissent aucun doute : « Toute action de formation qui conditionne l’exercice d’une activité ou d’une fonction, en application d’une convention internationale ou de dispositions légales et réglementaires, constitue un temps de travail effectif et donne lieu pendant sa réalisation au maintien par l’entreprise de la rémunération. »
Alors peu importe le format, en e-learnig, en distanciel, sur le téléphone de la grand-mère ou du voisin, tout temps passé à suivre une formation à la demande de l’employeur doit être payé en temps de travail effectif, et donc entrer dans le décompte des heures supplémentaires !
Fini de nous faire avoir, maintenant les E-learning on les compte dans les relevés d’heures et ça passe à la caisse à la fin !
« Désormais quand il y a une grève France, plus personne de s’en aperçoit », essayait de se convaincre Nicolas Sarkozy en 2007. Mais plus que de s’en convaincre, lui comme ses successeurs et prédécesseurs se seront attachés décennie après décennie à démanteler, diviser, segmentariser, le monde du travail pour faire la peau à toute forme de collectif de travailleurs et travailleuses. Depuis que le syndicalisme est apparu dans l’histoire du monde ouvrier il y a bien plus d’un siècle, ses formes n’ont cessé de bouger et de se ré-inventer pour faire face aux incessantes modifications des conditions de travail. Sous-traitance, intérim, développement de l’auto-entrepreneuriat, ubérisation, filialisation, … Celles et ceux qui dans ce monde n’ont pour vivre que leur force de travail à vendre, ne sont pas au bout de leurs peines ni de leurs surprises. Pour ce mois de mai 2025, la revue L’âge de faire consacre un dossier entier sur la question des nouvelles formes de syndicalismes. Dans ce cadre, et armée de nombreuses questions, une camarade de la revue était venue à notre rencontre à l’occasion de l’AG annuelle des cordistes, qui s’est tenue en janvier à Lille.
Ci-dessus son papier au sujet de la lutte des travailleuses et travailleurs cordistes.
« Les travailleurs reçoivent une formation adéquate et spécifique aux opérations envisagées et aux procédures de sauvetage. » Art. R4323-89 du code du travail
« La formation à la sécurité dont bénéficient les travailleurs chargés de l’utilisation ou de la maintenance des équipements de travail est renouvelée et complétée aussi souvent que nécessaire pour prendre en compte les évolutions de ces équipements. » Art. R4323-3 du code du travail
Qui dans son entreprise bénéficie d’une journée organisée et encadrée pour recycler nos formations cordistes? Combien d’entre nous avons eu le MAC de financé? Et si oui, depuis combien de temps? Lorsque nos patrons respecteront leurs obligations, on trouvera bien d’autres choses à faire quand on se retrouve entre ouvrières et ouvriers cordistes. En attendant, quand ça fait des mois, voire des années, qu’on a n’a pas pratiqué les exercices même basiques de sauvetage sur cordes, les gestes et automatismes se font lointains. Et le jour où ils pourraient être nécessaires, arriverait-on à être à la hauteur? Impensable d’imaginer le contraire et se trouver spectateur impuissant du drame d’un collègue. Alors, les 12 avril et 18 mai se sont tenues deux journées de révision des techniques simples de sauvetage sur cordes. Dans les calanques à Marseille. Et à Toulouse. À chaque fois, s’est suivi un repas partagé et une réu locale pour évoquer nos conditions de travail, envisager les manières d’y faire face.
Clairement on s’en lassera pas! À quand et où la prochaine?
Ces deux journées en images dans l’article complet ↓
C’est reparti, une autre équipe organise une journée secours sur corde et échanges autour de nos conditions de travail. Cette fois-ci ça se passera ce dimanche 18 mai à Toulouse.
Au programme : révision des techniques simples de sauvetage sur cordes le matin, un repas partagé, puis l’après-midi réunion locale cordistes avec deux thèmes de discussion : la question du sexisme au travail & les risques spécifiques selon les chantiers.
Pense à prendre ton casque + ton kit si tu en as un.
Le vendredi 7 mars 2025, l’entreprise CAN était jugée pour homicide involontaire sur la personne de Régis Brugière. Le 27 août 2018, sans aucune formation en la matière, ce jeune cordiste de 38 ans est envoyé fragmenter un rocher à l’aide de cartouches pyrotechniques de catégorie P2. Heurté à la tête par un éclat de roche au moment de l’explosion, Régis meurt sur le coup.
« Plaise au tribunal que je montre la photo du bonheur d’une mère, la dernière de mes trois beaux garçons en pleine forme, unis, joyeux, heureux dans leurs vies personnelles, pères de famille responsables et aimés. Voilà notre famille une semaine avant qu’elle ne soit détruite ! »
Il est midi. Pile au mitan de cette audience qui durera six heures. Martine est à la barre. Courageusement, elle livre sa pensée. Sa vision des choses. Sa révolte. Son chagrin de mère. Dignement, calmement, posément. Comme elle l’a fait le matin même, droite face à la caméra des journalistes de France 3. Comme elle l’avait fait face à celle de Franck, en 2021, devant les portes obstinément closes de la CAN, l’entreprise au sein de laquelle son fils a perdu la vie. Les trois prévenus sont à quelques mètres d’elle. Têtes basses. Plus de six ans qu’elle attend ce moment.
« Au vu de ce qu’il m’ apparaît dans ce dossier, rien n’a été mis en œuvre par les personnes jugées ce jour pour protéger leur ouvrier, je les qualifie d’imprévoyants, de désinvoltes et finalement d’incompétents puisque responsables par leurs manquements divers du décès de mon fils. »
Plus de six ans qu’elle attend des réponses à ses questions.
« Je veux comprendre comment des dirigeants de cette société ont traité le sujet de la sécurité avec tant de désinvolture. »
Questions auxquelles les dirigeants de la CAN n’ont jamais daigné répondre. Et pour cause ! Bombardés de ces questions par l’avocat de la famille et par Grégory, au nom de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires, qui s’est constituée partie civile, Cédric Moscatelli et Ludovic Mouche n’offriront que des réponses bredouillées. Des explications oiseuses. Une dérobade constante et insupportable. Évoquant la responsabilité d’un lampiste. Jusqu’à celle de Régis lui-même. Inévitable ritournelle des inculpés s’agissant de la mort d’un de leurs employés. Desquels ils sont pourtant tenus de préserver la santé, et d’assurer la sécurité au travail. Après qu’elle les a entendus, pour Martine la conclusion est claire : « Je considère que ces personnes, par leurs agissements ‒ manque de formation pour ce qui concerne Régis et manque d’information pour ce qui concerne l’ensemble du personnel ‒, méritent parfaitement d’être considérées comme hors la loi, et à ce titre durement réprimées. »
Martine retourne s’asseoir auprès d’Émilie, la femme de Régis. Et de Jennifer, la femme de Wilfried, un de ses deux autres fils. Trois femmes côte à côte. Trois femmes unies dans une même douleur. Trois femmes qui pleurent la perte d’un être cher. Puis d’un second. L’an dernier, Wilfried, le frère aîné de Régis, était emporté par la maladie. Lui qui avait lutté pour l’avènement de la vérité n’assistera pas à l’audience du procès de la mort de son frère. Le malheur sait frapper plusieurs fois au même endroit.
Laurent, le cadet de la fratrie, est absent. Il vit en Australie.
On organise une journée secours sur corde et échanges autour de nos conditions de travail le samedi 12 avril dans les calanques à Marseille.
Au programme : pratique des secours le matin, un repas partagé, puis échanges sur les actus de la profession et nos conditions de travail l’après-midi.