Au travers de cette enquête, Le Parisien donne la parole à Thibaud, un cordiste de 25 ans, afin de comprendre combien touche un cordiste. Quelle part de salaire pour quelle part de primes et indemnités, quelles dépenses, quels frais professionnels engagés, quels systèmes D pour faire des économies sur ces dépenses, que reste t’il à la fin du mois? Et le tout, pour quel travail, quels risques, quelle usure professionnelle, quelle longévité dans la profession ? Portrait d’un cordiste, qui au travers d’un cas individuel dresse le portrait d’une profession.
Après avoir refusé la vie de bureau, Thibaud, 25 ans, travaille désormais suspendu à une corde, au bord des falaises et en haut des immeubles. Un travail d’ouvrier éprouvant et méconnu, parmi les plus dangereux de France.
Avant de faire le grand saut, Thibaud avait quelques images en tête. Celle d’un gars en sueur, casque vissé sur la tête, suspendu dans les airs, le long d’un building vitré. Devenir cordiste promettait une adrénaline, une « expérience physique, à part », selon ses mots. Le constat, douloureux, s’est fait très vite : la profession issue du monde du BTP, n’a rien de la carte postale. « Tu te voyais en haut de la tour Eiffel, mais la vérité, c’est que c’est rarement glorieux. Tu te retrouves à faire des trucs ingrats que personne veut faire ou que t’aurais jamais imaginé faire », résume-t-il. Par exemple ? Débroussailler un talus, sécuriser des falaises au bord de route, ou gratter le fond des silos d’usine…
Après un chantier de plusieurs semaines dans un silo de ciment, un collègue a rédigé un retour d’expérience pour analyser et alerter sur certains risques mal maîtrisés. Un focus particulier y est donné aux risques d’enlisement et d’ensevelissement. Le document propose également des mesures correctives qui ont été complétées après échanges dans son entreprise.
Avec l’accord du collègue, nous avons anonymisé ce RETEX afin de pouvoir le partager et faire bénéficier tous les cordistes de ces points d’alerte importants. Ci-dessous, vous trouverez également d’autres documents de référence sur le risque d’enlisement / ensevelissement, sur la réglementation applicable, et notamment une illustration originale de Greg MISSUD présentant un exemple de procédure de travail en espace confiné.
Ce mercredi 23 août, 19 départements seront placés en vigilance rouge canicule par Météo France. 37 autres seront en vigilance orange. Soit les 2/3 de la France en alerte canicule
Plus que jamais les mesures de prévention s’imposent !
BON À SAVOIR : L’activation de la vigilance orange ou rouge par Météo France permet aux employeurs du BTP de déclarer les journées en intempéries : Toutes les infos sur le site CIBTP
N’hésitez pas exiger que ce soit le cas pour demain et les jours à venir. La meilleure des protections face à une telle canicule reste de ne pas s’exposer !
« L’association Cordistes en colère cordistes solidaires, c’est la lutte au quotidien. La lutte pour de meilleures conditions de travail. La lutte pour ne pas y perdre sa santé, encore moins sa vie.
Depuis cinq ans, des dizaines de travailleuses et travailleurs cordistes nous sollicitent.
Ensemble, nous nous battons pour leurs droits.
Pour nos droits. Peut-être davantage pour la dignité. Et la justice.
Au-delà, nous menons également une lutte de classes. Une confrontation permanente avec nos patrons, étonnés de voir se dresser une poignée de prolos sur la voie royale de la rentabilité, dans ce métier en pleine expansion.
Plutôt qu’un bilan exhaustif et fastidieux, nous livrons ici quelques histoires, celles des combats de Vincent, Karine, Xavier, Jules.
Cordistes floués, blessés.
Des récits de chair et d’espoir. »
« […] La force de caractère, la personnalité, la détermination des femmes que j’ai suivies dans leur métier me laissent penser que la marche vers l’égalité, ne va pas de soi. J’ai constaté, tout au long de mon travail, que ces femmes qui ont choisi de faire un métier, jadis réservé aux hommes, ne sont pas au bout de leurs peines. Les lois, les comportements sont encore en retard.
En passant de la chirurgienne à la mécanicienne j’ai été témoin d’une vraie bataille de tous les jours. Les mêmes propos reviennent constamment : « Être sans faille – Pas le droit à l’erreur – Faire toujours deux fois mieux – Être toujours présentable – Encore et encore prouver que l’on est capable de… »
La réalité est là. Les droits des femmes ne sont pas le fruit du hasard. C’est par leur action quotidienne, leurs luttes que les femmes ont obtenu des changements dans les mentalités et les lois. […] »
Extrait du récit de Lily Franey, dans la revue Fragments #6, revue de littérature prolétarienne, à propos de ses multiples reportages photographiques sur le travail féminin dans le monde ouvrier, dont son exposition « Le travail féminin singulier » réalisée en 2005.
Fin mai, un nouveau sondage était lancé pour connaître l’évolution de la fourniture des EPI pour les cordistes intérimaires. Le sondage concerne la période de janvier 2022 à mai 2023. Soit depuis l’entrée en application de la Convention Inter-ETT. 129 cordistes y ont répondu.
LA NON-FOURNITURE DES EPI :
BIENTÔT UNE EXCEPTION ?
En comparaison du sondage de mai 2021, ces résultats montrent une nette évolution. Si en 2019 et même encore en 2021, la fourniture des EPI par les entreprises utilisatrices était une pratique marginale, aujourd’hui ce sont 58,3 % des cordistes ayant répondu au sondage qui disent avoir eu les EPI fournis lors de chacune de leurs missions. À l’inverse et en 2019, 42,9 % des cordistes indiquaient ne jamais travailler avec des EPI fournis par l’EU. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 7,1 % dans cette situation. Continuer la lecture de « RÉSULTATS – sondage fourniture EPI (2022-2023) »
Aussi et surtout imposer des PAUSES PLUS FRÉQUENTES, des HORAIRES DÉCALÉS et des POSTES AMÉNAGÉS lorsque c’est possible !
———————————— Un coup de chaleur peut vite être grave, et même mortel. Au moins 7 personnes en sont décédés au travail l’année dernière. Savoir reconnaître les premiers symptômes et comment réagir est indispensable.
Mais surtout, c’est en amont que tout ce joue.
Toutes les recommandations convergent. Gouvernement, INRS, OPPBTP, syndicats, conseillent de systématiser les pauses fréquentes, les horaires décalés et postes aménagés pour limiter au maximum les expositions.
Pour référence, l’INRS estime qu’au-dessus de 30° pour une activité sédentaire et de 28° pour un travail physique, la chaleur constitue un risque pour la santé.
Pourtant le Code du travail ne mentionne aucune valeur limite.
Légiférer sur ces limites de température est une revendication portée par de nombreux salariés et syndicats.
En attendant ces évolutions indispensables, le droit de retrait reste de mise dès le moindre doute. N’hésitons pas! Protégeons-nous, protégeons nos collègues !
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Notre-Dame, tour Eiffel… : le leader des travaux en hauteur accusé de négliger le sort de ses salariés
L’entreprise Jarnias est en passe de dominer la profession de cordiste en France. Elle intervient sur des chantiers emblématiques et ambitionne de participer « à la montée en professionnalisme » du métier. Mais les reproches de travailleurs se multiplient sur sa manière de les traiter.
Vu depuis le formulaire de déclaration, l’accident du travail qu’a subi le jeune homme de 29 ans, le 3 mai dernier, dans les environs de Concarneau (Finistère), est relativement banal. Il est tombé d’un toit, et les chutes sont l’une des principales causesd’accidents professionnels chaque année. Mais la profession de ce travailleur, la mission qui lui avait été confiée et la manière dont il a été traité par son employeur retiennent l’attention. Continuer la lecture de « PRESSE – Les conditions de travail chez JARNIAS passées au crible de Médiapart »