FRANÇOIS – UN CORDISTE MORT AU TRAVAIL La faute inexcusable des employeurs en question
Le 20 août 2018, François Chirat perdait la vie des suites de ses blessures après un accident de travail survenu le 9 juillet. Resté entre la vie et la mort pendant de longues semaines au CHU de Nice et en dépit de lourdes interventions chirurgicales, il n’a pas pu être ranimé. Le jour de l’accident, il découvrait un chantier entamé la semaine précédente par d’autres employés : Travaux de sécurisation d’une route dans l’arrière-pays niçois connu pour des éboulements récurrents sur ses voies de circulation.
À 54 ans, diplômé de son certificat d’aptitude obtenu en 2004, François pratiquait les travaux sur cordes depuis 14 années, jusqu’à cet accident. C’était un cordiste expérimenté et mature. Malgré son ancienneté, le jour du drame il travaillait en intérim, missionné par Manpower pour le compte de l’entreprise de travaux publics Garelli.
Notre ancien collègue de cordes, Eric Louis, sort un nouveau bouquin.
Après « Casser du sucre à la pioche », « On a perdu Quentin » et « Chroniques sur cordes », tous consacrés au monde de la corde, voilà « Mes trente (peu) glorieuses », aux éditions Les imposteurs.
Une plongée critique et détachée dans ses trente ans passés au travail. De la découverte de l’usine, dès 16 ans, jusqu’à ses dernières missions d’intérim.
En passant par son expérience dans les travaux sur cordes. Un vaste chapitre y est consacré.
C’est un CV d’un genre nouveau.
Une autoprolographie en somme.
En 2019, un sondage parmi les cordistes avait mis à jour un état assez accablant du respect de la fourniture des EPI par les entreprises utilisatrices (EU).
Seuls 9 % des cordistes déclaraient avoir eu un kit EPI fourni par l’EU pour chacune de leurs missions. 42,9 % déclaraient n’en avoir jamais eu ! (Résultats sondage 2019)
Pourtant, le code du travail est clair : les EPI doivent être sélectionnés, fournis et entretenu par l’employeur.
Récemment, une dizaine d’entreprises de travail temporaires (ETT) spécialisées dans les travaux sur cordes nous ont présenté leurs chiffres pour l’année écoulée. Selon elles, la part des missions avec la totalité des EPI fournis serait aujourd’hui de 60 à 80 %.
Afin d’avoir un état des lieux actualisé, nous souhaiterions donc avoir vos retours concernant la fourniture des EPI par les EU dans le cadre de vos missions d’intérim.
Afin de faciliter l’analyse, merci de répondre uniquement aux questions posées.
Depuis plusieurs mois, l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires multiplie les courriers et coups de téléphone auprès des ETT (Entreprises de Travail Temporaire) spécialisées dans les travaux sur cordes. Des prises de contact pour les inciter à se mettre d’accord autour de pratiques communes qui viseraient à enrayer la non-fourniture des EPI pour les cordistes intérimaires. Une définition de ces pratiques autour desquelles s’accorder a été proposée à une trentaine d’ETT au travers d’une ébauche de convention inter-ETT. (voir la proposition initiale)
UNE RÉUNION LE 27 AVRIL À LYON Mardi 27 avril 2021, une première réunion s’est tenue à Lyon pour échanger sur la mise en place d’une telle convention inter-ETT. Parmis la trentaine d’ETT invitées : LIRE LA SUITE
Les entreprises Eiffage Construction Gard et Sud Acrobatic ont comparu vendredi, devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour homicide involontaire, après la mort, en 2018, d’un cordiste sur un chantier de la ville. Par Aline Leclerc(Nîmes (Gard), envoyée spéciale)
Pour expliquer les causes de la mort de Mickaël Beccavin, survenue après une chute de plus de 10 mètres le 6 mars 2018 à Nîmes (Gard), on peut zoomer sur l’extrémité d’une corde effilochée. Ou opter au contraire pour le plan large, à même d’englober ce qu’était en 2018 l’immense chantier du Trigone, devenu aujourd’hui cet ensemble d’immeubles colorés qui accueille le visiteur dans la ville dès la sortie de la gare.
C’est entre ces deux points de vue sur un même drame que l’audience a navigué tout au long de la journée du vendredi 7 mai, au sein du tribunal correctionnel de Nîmes. Deux entreprises comparaissaient pour homicide involontaire : la société de travaux sur cordes Sud Acrobatic, et l’entreprise Eiffage Construction Gard. Poursuivie pour le même chef d’accusation, mais liquidée en 2019, la société Ciciarelli, chargée de la confection des balcons, n’était pas représentée. Au grand dam des parties civiles, qui déploraient que seules les personnes morales aient été poursuivies, mais ni le chef de chantier ni le coordonnateur de la sécurité.LIRE LA SUITE
Vendredi 7 mai 2021, se tenait à Nîmes le procès de l’accident du travail qui a coûté la vie à Mickaël Beccavin le 6 mars 2018. Le parquet demande que les entreprises Sud Acrobatic et Eiffage soient reconnues coupables d’homicide involontaires et soient condamnées respectivement à 10 000€ et 100 000€ d’amende.
Le délibéré sera rendu le 4 juin 2021.
Retour sur cette audience où l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires étaient constituée partie civile.
REVUE DE PRESSE
►100.000 euros d’amende requis contre une entreprise après la mort d’un cordiste à Nîmes France Bleu, 07/05/2021
Entretien réalisé en février 2019.
Adri’, cordistes chez Sud Acrobatic de 2012 à 2015
Sud Acrobatic, Collégiale Saint Jean, Pézénas (34)
– Tu as donc bossé chez Sud Acrobatic.
– Ouais, en gros j’y ai travaillé de septembre 2012 à mi-août 2015. J’ai fait un an de formation en alternance avec le GRETA de Die, donc comme apprenti. Et après, il était content de ce que j’avais fait, du coup il m’a reproposé un CDI au bout de… ben un an, à la fin de mon contrat pro. J’ai fait deux ans de CDI. On touchait un peu à tout. Majoritairement de l’urbain, un peu de TP et d’indus de temps en temps.
– Juste après ton départ en 2015, il y a eu un premier accident grave, celui d’Adrien Santoluca.
– Ça devait être un peu moins d’un mois après que je sois parti. Adrien devait prendre ma place dans l’entreprise, récupérer le poste vacant, pour que le patron puisse avoir un binôme de base, une équipe calée.
J’ai appris l’accident par téléphone, c’est un des collègues qui m’a appelé pour me dire qu’il s’était cassé la gueule, qu’il était passé à travers le toit. C’était quand même assez sérieux. Je l’ai appelé pour prendre des news. Et bon, il était pas en grosse forme. Après, l’autre problème c’est qu’à l’hosto, il a eu des grosses complications. Ça n’a pas facilité son rétablissement. Mais bon voilà, lui, il est toujours là. Chapeau l’artiste. LIRE LA SUITE
Je m’exprime ici en mon nom personnel. Mes propos n’engagent aucun des membres de l’association. C’est en regard du travail fourni par certains de ces membres actifs depuis plus de deux ans que je formule une réponse à l’article du SUB (Syndicat Unifié du Bâtiment) : LE CORPORATISME : une fausse bonne idée
Une mise au point s’impose sur le sujet même de cet article. Nous ne préconisons en aucun cas l’utilisation par les cordistes de leurs propres EPI. Aujourd’hui, le fait est là, beaucoup de cordistes travaillent avec leurs EPI. En majorité les intérimaires. Les raisons en sont multiples. LIRE LA SUITE
« Mardi 6 mars en début d’après-midi, un ouvrier, travaillant sur un chantier de construction d’un immeuble, a chuté de plus de 15 mètres. La victime travaillait sur un balcon lorsqu’elle a chuté. À l’arrivée des secours, le salarié était décédé. »
Voilà en substance les seuls éléments relayés par la presse sur le dramatique accident du travail qui a coûté la vie à Mickaël Beccavin ce mardi 6 mars 2018…
Mickaël avait 38 ans. Il était cordiste depuis près de 13 ans.
Il travaillait depuis 8 ans pour la SARL Sud Acrobatic, située entre Sète et Montpellier. Il était en quelque sorte la cheville ouvrière de cette PME de 3 à 5 salariés.
Juste avant l’accident, il projetait d’arrêter le métier de cordiste pour devenir prof de sport.
Malheureusement, c’est le métier de cordiste qui l’a rattrapé.
Mickaël n’aura pas eu le temps de mener à bien son projet.
Il était papa d’une petite fille, Chloé, âgée de 8 ans au moment de l’accident.
Que s’est-il passé ce jour-là ? Pourquoi une journée de chantier comme une autre lui a-t-elle coûté la vie ?LIRE LA SUITE
La non-fourniture des EPI est un problème au moins aussi vieux que la profession de cordiste. Si l’évolution récente des pratiques de certaines Entreprises Utilisatrices (EU) est notable, nombre d’entre elles continuent d’exercer de manières contraires à la réglementation.
Ainsi, de nombreux cordistes (intérimaires principalement) travaillent encore aujourd’hui avec leur propre kit EPI «cordiste», en en supportant la charge financière.
Kit EPI persos utilisés la plupart du temps sans réelle vérification périodique.
Comment en finir avec cette situation ? Comment stopper ces pratiques indignes d’une profession qui devrait arriver à maturité ?
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En septembre dernier, l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires a envoyé un projet de convention sur la fourniture des EPI «cordiste» à l’ensemble des Entreprises de Travail Temporaire (ETT) spécialisées dans les travaux sur cordes.
Avec cette convention, l’idée générale est que les ETT signataires garantissent à leur intérimaires :
● de favoriser les EU qui fournissent tous les EPI nécessaires ;
● d’être indemnisé quand ce n’est pas le cas et que des EPI perso sont utilisés ;
● qu’un contrôle periodique soit assuré pour tous ces EPI perso encore utilisés ;
● qu’aucune mission ne respectant pas les points précédant ne soit proposée. LIRE LA SUITE