7 MARS – GRASSE : Procès de l’accident mortel de Régis, la CAN devant le tribunal correctionnel

Vendredi 7 mars 2025, l’entreprise CAN sera jugée pour homicide involontaire devant le tribunal correctionnel de Grasse (06). Régis, travaillait comme cordiste pour cette entreprise spécialisée dans les travaux sur cordes en milieux naturels.
Fin août 2018 il est envoyé sur un chantier des Alpes-Maritimes pour fragmenter un rocher de plus d’une tonne obstruant un sentier. Pour faire péter l’imposant obstacle, l’employeur le charge d’utiliser des cartouches pyrotechniques de catégorie P2. Régis, comme tous ses collègues à la CAN, ne dispose pas des formations adéquates. Régis n’a même aucune formation pour cela. Heurté à la tête par un impact de roche au moment de l’explosion, il meurt sur le coup.
Six longues années après, la justice se penchera enfin sur les responsabilités ayant conduit à ce terrible accident.
Aux côtés des proches de Régis, l’association Cordistes en colère cordistes solidaires sera partie civile et appelle à un rassemblement de soutien dès 7h30 devant le tribunal.
RADIO – Plateau radio public : l’hécatombe invisible – les morts au travail

Podcast de 85 min diffusé en direct le 18 /11/2024 sur Micros Rebelles
À l’occasion du cinquantenaire de la catastrophe minière, le collectif Liévin 74 proposait fin 2024 une dizaine d’initiatives afin de revisiter la catastrophe et ses commémorations avec un pas de coté : interroger les notions de courage et de sacrifice pour une cause nationale et économique et remettre en question la notion de fatalité.
Parmi ces événements, un plateau radio public était organisé le samedi 30 novembre autour du livre de Matthieu Lépine L’hécatombe invisible, avec Éric Louis, de l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires, Thomas Suel, poète, slammeur. Et avec la participation de Annick, pour les extraits de L’hécatombe invisible et, à la technique, Roxane.
Sur une large part de l’émission, Éric Louis revient sur les conditions de travail des cordistes et nos multiples luttes pour faire faire et tenter d’enrayer les accidents du travail.
Des luttes actuelles, qui sur de nombreux points trouvent échos et enseignements dans les luttes du passé.
PRESSE – BTP : Une PME niçoise et son explosif business enfin condamnés
INFO DE DERNIÈRE MINUTE : Le 23 janvier, nous apprenons du tribunal de Nice que la société Capral et l’un de ses co-gérants (Jean-Paul Campani) ont fait appel de leurs condamnations. Nous restons maintenant dans l’attente d’une date d’audience en appel.

Une enquête de Franck Dépretz,
paru sur le journal en ligne BLAST, le 24/01/2025
Pour avoir délivré pendant 10 ans des formations illégales au maniement d’explosifs, la société Capral, référence dans les travaux publics, le bâtiment et la voirie, a enfin été condamnée par la justice le 10 janvier. Un coup d’arrêt pour son pétaradant fondateur Jean-Paul Campani, un soulagement pour ses principales victimes – les cordistes. Et la confirmation des révélations de Blast.
La société Capral, installée dans les Alpes-Maritimes près de Nice, ne devrait plus de sitôt délivrer de formations à la manipulation des explosifs : Jean-Paul Campani et son ex-associé Thomas Garnier vient d’être condamnés à deux ans et six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Nice, ce 10 janvier 2025, pour pratique commerciale trompeuse. Ils devront rembourser aux parties civiles – cinq entreprises, un ouvrier cordiste, un syndicat et une association de cordistes – les préjudices subis. Ainsi s’achève une pleine décennie d’impunité.
Le 13 décembre 2024, le procureur avait présenté ses réquisitions pendant une bonne heure, au terme d’une longue journée d’audition. Il a été partiellement suivi par le tribunal : Caprial et Campani, qui ont formé des centaines d’ouvriers du bâtiment et des travaux publics, sont désormais interdits de « pratiquer toute profession en lien avec les explosifs pendant cinq ans » (contre dix requis par le parquet). Reconnue coupable de blessures involontaires, Capral – et non ses dirigeants – est également condamnée à une amende de 50 000 euros (le double était requis).
Continuer la lecture de « PRESSE – BTP : Une PME niçoise et son explosif business enfin condamnés »Retour sur les rencontres cordistes lilloises 2025







Ces 18 et 19 janvier 2025, c’était les rencontres annuelles des ouvrières et ouvriers cordistes à Lille.
Vous avez raté ça ?
Quelle tristesse pour vous !
Mais vu qu’on est sympas, on vous partage quand même un petit aperçu de tout ça.
Samedi, c’était assemblée générale avec retours sur les actions menées en 2024. Puis des échanges sur les luttes et rapports de force en cours pour obtenir des évolutions réglementaires renforçant toujours plus la sécurité au travail face aux appétences et pressions économiques. Des évolutions réglementaires, pour une supervision des travaux effective et efficace sur chaque chantier. Pour toujours plus de montées en compétences. Pour une réelle existence juridique, administrative et statistique du métier de cordiste. Pour une meilleure compilation des données d’accidents de travail. Pour la définition de vraies recommandations sur les travaux en silos et en milieux naturels… Des échanges aussi, pour tenter de rendre toujours plus efficaces et réactifs nos outils de solidarité, de lutte et d’accompagnement du quotidien aux côtés de nos collègues et leurs proches, quand les drames toujours trop nombreux continuent de se produire. Cette année, sera aussi l’occasion de renforcer à nouveau les liens et la fluidité de fonctionnement entre l’association et le syndicat Solidarité cordistes. Décision est notamment prise que chaque adhérent du syndicat reçoive dans un même temps une adhésion à l’association. Les deux structures fonctionnant de façon conjointe comme une seule et même organisation.
18-19 JANVIER – LILLE : Assemblée nationale ouvrier-es cordistes 2025

INVITATION : Mouvement de contestation inédit à Saint-Nazaire, avancée des négociations à la DGT, intervention collective lors du championnat des cordistes, campagne et banderoles autour des accidents dans le TP, tournée de présentation et de réunions locales sur Lyon, Paris, Marseille et Toulouse… De l’année 2024 nous pouvons dores et déjà dire qu’elle fut dynamique, résistante et riche en enseignements.
Pourtant, même si nous pouvons être indéniablement fier.es du courage des collègues qui ne se laissent pas faire et qui se soutiennent, il reste que faute d’un rapport de force collectif efficace nous continuerons à subir l’increvable ténacité de nos patrons pour imposer leurs conditions et ne rien lâcher. Toujours autant d’exposition non maîtrisée aux risques, toujours pas de réelle supervision des chantiers avec un encadrement insuffisamment formé, toujours pas de recensement officiel des accidents, toujours à dormir dans des camions pour compenser les taux horaires de merde, des IGD à la baisse, toujours virables à volonté avec les contrats à la semaine, toujours l’impression d’abuser lorsqu’on réclame du matos, des clients toujours plus pressés, une hiérarchie souvent lâche, une ambiance de couillus et de compétition, des collègues féminines contraintes de se démener et refaire leurs preuves en permanence… et en fin de parcours des collègues brisé.es, des morts et des familles inconsolables. Faut-il rappeler que si nous sommes une des professions les plus mortelles, et que si cette année 4 collègues ont perdu la vie au boulot, nous sommes aussi une des niches les plus rentables du BTP ?
Depuis 6 ans, l’assemblée annuelle de l’association permet de prendre de la hauteur, de faire le point sur les activités en cours et de se projeter sur l’année à venir. Une occasion pensée pour se rencontrer, se retrouver, continuer à s’organiser et se filer des tuyaux. Une invitation ouverte à toutes et tous (métiers de la corde confondus et sympathisant.es bienvenus !), sur tout un week-end.
Pour faire honneur à AFAST (Association Flandres Artois Secours Technique) qui nous accompagne depuis plusieurs années lors des exercices de secours, nous avons décidé de se donner rencard cette fois-ci sur les grisailleuses et non moins chaleureuses terres du Nord.
Ce sera à Lille les 18 et 19 janvier prochains.
Alors, tu viens ?
En plus de l’assemblée cordistes,
les TEMPS FORTS DU WEEK-END


PRESSE : Délibéré du procès des explosifs P2, la justice donne raison aux cordistes
Vendredi 10 janvier, le tribunal correctionnel de Nice rendait son jugement dans l’affaire des formation low-cost aux explosifs P2 dispensées durant de nombreuses années par la société Capral.
Malgré une relaxe partielle, sur le fait de tromperies, la société Capral et ses deux co-gérants ont été lourdement condamné pour pratique commerciale trompeuse, et pour blessures involontaires concernant le grave accident de travail dont avait été victime Kévin en septembre 2021.
Suivant de près les peines requises à l’audience, le tribunal a prononcé les peines suivantes :
Jean-Paul Campani :
– 2 ans de prison avec sursis avec obligation d’indemniser les victimes
– confiscation des plus 80 000€ saisies sur ses comptes durant l’enquête
– interdiction d’exercer toute profession en lien avec les explosifs pendant 5 ans
Thomas Garnier :
– 6 mois de prison avec sursis
La société CAPRAL :
– 50 000€ d’amende
– interdiction d’exercer toute profession en lien avec les explosifs pendant 5 ans
– publication du jugement à ses frais dans Nice-Matin, Corse-Matin, Var-Matin et la Provence.
Kévin est reconnue partie civile. Ses dédommagements seront définis lors d’une audience civile ultérieure.
L’association Cordistes en colère, cordistes solidaires et le syndicat Solidarité Cordistes sont reconnues parties civiles au titre du tord causé à l’intérêt collectifs des travailleuses et travailleurs cordistes. Ils obtiennent chacun 5000€ de dommages et intérêts.
Cinq société du BTP sont également reconnues parties civiles du fait d’avoir été lésé par les formations illégales de Capral. Parmi elles, la société Ouest-Acro, employeur de Kévin au moment de son accident et constituée partie civile le jour même de l’audience, empoche prés de 20 000€ de dommages et intérêts. Pourtant, il avait été clairement mentionné au cours de l’audience que le dossier comprend plusieurs éléments démontrant qu’avant l’accident, le dirigeant de Ouest-Acro avait été clairement alerté sur l’illégalité et la dangerosité des formations de Capral.
La potentielle responsabilité de Ouest-Acro dans l’accident de Kévin sera étudiée dans le cadre d’une autre procédure, devant le Pôle social du tribunal judiciaire de Grenoble.
[Mise à jour du 23/01/2025 : nous apprenons ce jour que la société Capral et l’un des deux co-gérant, Monsieur Campani ont fait appel de leurs condamnations. Nous restons maintenant en attente d’une date d’audience en appel.]
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Trois ans avant l’accident de Kévin, en août 2018, Régis, lui aussi cordiste, perdait la vie avec des cartouches P2. Au sein de la société CAN qui l’employait, on évoquait ces explosifs comme de simples « gros pétards ». Une appréciation erronée et minorée de la dangerosité réelle de ces explosifs. En conséquence, Régis n’avait pas eu la chance de connaître les mauvaises formations Capral : lui n’avait reçu aucune formation.
L’audience de l’accident de cet accident se tiendra le vendredi 7 mars 2025, devant le tribunal correctionnel de Grasse. Un rassemblement de soutien à ses proches sera organisé ce jour-là.
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PRESSE : Récit du procès de l’accident d’Adrien contre la société SUD ACROBATIC
Lundi 10 janvier 2025, se tenait enfin l’audience en appel de l’accident d’Adrien, cordiste gravement blessé en 2015 après une chute de 10 mètres au travers d’un toit en fibro ciment.
Après avoir été condamné en 2019, son employeur, la société Sud Acrobatic et son gérant Sébastien Gimard avait fait appel. 6 ans après, et à quelques jours d’une prescription du délais de procédure, la Cour d’appel de Montpellier a enfin ré-ouvert ce dossier douloureux qui depuis 10 ans mine la vie d’Adrien dans tous ses aspects (santé, financier, professionnel, administratif, …), l’empêchant de réussir à tourner la page.
À la barre, le gérant est resté dans une posture de négation de tous les tords qui lui sont reprochés, ne témoignant pas le moindre signe de compassion pour la victime et n’ayant de cesse de lui reprocher à lui-même la survenue de son propre accident.
Après 4 h de débats, la Cour d’appel a renvoyé le rendu de son délibéré au 3 mars 2025.
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Hasard de calendrier, la semaine suivante, le mardi 14 janvier, la société Sud Acrobatic sera de nouveau devant la justice. Cette fois-ci, devant le Pôle social du tribunal judiciaire de Montpellier pour sa supposée « faute inexcusable » ayant contribué, trois ans après celui d’Adrien, à l’accident mortel de Mickaël Beccavin ayant chuté de 15 mètres sur un chantier derrière la gare de Nîmes.
L’audience permettra de déterminer les indemnités dues à la fille de Mickaël, âgée de 8 ans au moment du drame.
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PRESSE – Pour les cordistes du groupe Jarnias, une précarité généralisée et «peu de place pour l’humain»
Paru le 30/12/2024 sur Libération
Large recours à l’intérim, licenciements jugés abusifs, manque de dialogue social… Le leader des travaux en hauteur, présent sur les chantiers les plus prestigieux comme Notre-Dame, est pointé par d’anciens collaborateurs pour ses méthodes peu respectueuses du code du travail. Des accusations que le groupe réfute fermement.

Les cordistes ont joué un rôle clé dans la renaissance de Notre-Dame, notamment pendant la phase de sécurisation et de déplombage du chantier. Il fallait dégager les gravats stationnés en hauteur, stabiliser les piliers et sécuriser l’échafaudage ravagé par l’incendie survenu le 15 avril 2019. Les employés du groupe Jarnias sont dépêchés sur le site quelques jours plus tard. Chargé des chantiers les plus prestigieux de France, à l’instar de la 20e campagne de peinture de la tour Eiffel entre 2021 et 2022, Jarnias est le leader des travaux en hauteur. En dépit de son statut d’incontournable chez les cordistes (le groupe revendique 500 emplois répartis dans 14 entreprises), Jarnias prendrait des libertés avec le code du travail, notamment en matière de licenciements, et laisse peu d’espace au dialogue social. Continuer la lecture de « PRESSE – Pour les cordistes du groupe Jarnias, une précarité généralisée et «peu de place pour l’humain» »
10 mètres de chute, 10 ans de procédure. Sud Acrobatic jugée en appel le 6 janvier pour l’accident d’Adrien

Ce jour-là, l’entreprise Sud Acrobatic et son gérant Sébastien Gimard y seront jugés pour leurs responsabilités en lien avec un grave accident de travail survenu le 14 septembre 2015. Adrien Santoluca, cordiste intérimaire, avait lourdement chuté en passant au travers du toit d’un hangar du port commercial de Sète.
Après avoir été condamnée une première fois par le tribunal correctionnel de Montpellier, Sud Acrobatic et son gérant avaient fait appel début 2019 de leurs condamnations. Il aura fallu attendre 6 ans de plus (10 ans depuis l’accident), pour qu’une audience d’appel soit enfin fixée.
« On ne peut pas mieux entrer dans la 10ème année qu’après avoir attendu cette dernière pour fêter l’injustice dans nos beaux Palais de justice. 10 ans c’est quoi ? C’est le temps qu’il a fallu à notre « belle Justice » pour se réveiller après les nombreuses sollicitations effectuées sans relâche auprès de la Cours d’appel de Montpellier pour que mon affaire soit enfin re-jugée en appel. Continuer la lecture de « 10 mètres de chute, 10 ans de procédure. Sud Acrobatic jugée en appel le 6 janvier pour l’accident d’Adrien »