18-19 JANVIER – LILLE : Assemblée nationale ouvrier-es cordistes 2025

INVITATION : Mouvement de contestation inédit à Saint-Nazaire, avancée des négociations à la DGT, intervention collective lors du championnat des cordistes, campagne et banderoles autour des accidents dans le TP, tournée de présentation et de réunions locales sur Lyon, Paris, Marseille et Toulouse… De l’année 2024 nous pouvons dores et déjà dire qu’elle fut dynamique, résistante et riche en enseignements.

Pourtant, même si nous pouvons être indéniablement fier.es du courage des collègues qui ne se laissent pas faire et qui se soutiennent, il reste que faute d’un rapport de force collectif efficace nous continuerons à subir l’increvable ténacité de nos patrons pour imposer leurs conditions et ne rien lâcher. Toujours autant d’exposition non maîtrisée aux risques, toujours pas de réelle supervision des chantiers avec un encadrement insuffisamment formé, toujours pas de recensement officiel des accidents, toujours à dormir dans des camions pour compenser les taux horaires de merde, des IGD à la baisse, toujours virables à volonté avec les contrats à la semaine, toujours l’impression d’abuser lorsqu’on réclame du matos, des clients toujours plus pressés, une hiérarchie souvent lâche, une ambiance de couillus et de compétition, des collègues féminines contraintes de se démener et refaire leurs preuves en permanence… et en fin de parcours des collègues brisé.es, des morts et des familles inconsolables. Faut-il rappeler que si nous sommes une des professions les plus mortelles, et que si cette année 4 collègues ont perdu la vie au boulot, nous sommes aussi une des niches les plus rentables du BTP ?

Depuis 6 ans, l’assemblée annuelle de l’association permet de prendre de la hauteur, de faire le point sur les activités en cours et de se projeter sur l’année à venir. Une occasion pensée pour se rencontrer, se retrouver, continuer à s’organiser et se filer des tuyaux. Une invitation ouverte à toutes et tous (métiers de la corde confondus et sympathisant.es bienvenus !), sur tout un week-end.

Pour faire honneur à AFAST (Association Flandres Artois Secours Technique) qui nous accompagne depuis plusieurs années lors des exercices de secours, nous avons décidé de se donner rencard cette fois-ci sur les grisailleuses et non moins chaleureuses terres du Nord.

Ce sera à Lille les 18 et 19 janvier prochains.
Alors, tu viens ?


En plus de l’assemblée cordistes,
les TEMPS FORTS DU WEEK-END

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PRESSE : Délibéré du procès des explosifs P2, la justice donne raison aux cordistes

Vendredi 10 janvier, le tribunal correctionnel de Nice rendait son jugement dans l’affaire des formation low-cost aux explosifs P2 dispensées durant de nombreuses années par la société Capral. 
Malgré une relaxe partielle, sur le fait de tromperies, la société Capral et ses deux co-gérants ont été lourdement condamné pour pratique commerciale trompeuse, et pour blessures involontaires concernant le grave accident de travail dont avait été victime Kévin en septembre 2021. 
Suivant de près les peines requises à l’audience, le tribunal a prononcé les peines suivantes :

Jean-Paul Campani :
– 2 ans de prison avec sursis avec obligation d’indemniser les victimes
– confiscation des plus 80 000€ saisies sur ses comptes durant l’enquête
– interdiction d’exercer toute profession en lien avec les explosifs pendant 5 ans

Thomas Garnier :
– 6 mois de prison avec sursis

La société CAPRAL :
– 50 000€ d’amende
– interdiction d’exercer toute profession en lien avec les explosifs pendant 5 ans
– publication du jugement à ses frais dans Nice-Matin, Corse-Matin, Var-Matin et la Provence.

Kévin est reconnue partie civile. Ses dédommagements seront définis lors d’une audience civile  ultérieure.
L’association  Cordistes en colère, cordistes solidaires et le syndicat Solidarité Cordistes sont reconnues parties civiles au titre du tord causé à l’intérêt collectifs des travailleuses et travailleurs cordistes. Ils obtiennent chacun 5000€ de dommages et intérêts.

Cinq société du BTP sont également reconnues parties civiles du fait d’avoir été lésé par les formations illégales de Capral. Parmi elles, la société Ouest-Acro, employeur de Kévin au moment de son accident et constituée partie civile le jour même de l’audience, empoche prés de 20 000€ de dommages et intérêts. Pourtant, il avait été clairement mentionné au cours de l’audience que le dossier comprend plusieurs éléments démontrant qu’avant l’accident, le dirigeant de Ouest-Acro avait été clairement alerté sur l’illégalité et la dangerosité des formations de Capral.
La potentielle responsabilité de Ouest-Acro dans l’accident de Kévin sera étudiée dans le cadre d’une autre procédure, devant le Pôle social du tribunal judiciaire de Grenoble.

[Mise à jour du 23/01/2025 : nous apprenons ce jour que la société Capral et l’un des deux co-gérant, Monsieur Campani ont fait appel de leurs condamnations. Nous restons maintenant en attente d’une date d’audience en appel.]

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Trois ans avant l’accident de Kévin, en août 2018, Régis, lui aussi cordiste, perdait la vie avec des cartouches P2. Au sein de la société CAN qui l’employait, on évoquait ces explosifs comme de simples « gros pétards ». Une appréciation erronée et minorée de la dangerosité réelle de ces explosifs. En conséquence, Régis n’avait pas eu la chance de connaître les mauvaises formations Capral : lui n’avait reçu aucune formation.
L’audience de l’accident de cet accident se tiendra le vendredi 7 mars 2025, devant le tribunal correctionnel de Grasse. Un rassemblement de soutien à ses proches sera organisé ce jour-là.
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PRESSE : Récit du procès de l’accident d’Adrien contre la société SUD ACROBATIC

L’Info d’ici – Hérault – 07/01/2025

Lundi 10 janvier 2025, se tenait enfin l’audience en appel de l’accident d’Adrien, cordiste gravement blessé en 2015 après une chute de 10 mètres au travers d’un toit en fibro ciment.
Après avoir été condamné en 2019, son employeur, la société Sud Acrobatic et son gérant Sébastien Gimard avait fait appel. 6 ans après, et à quelques jours d’une prescription du délais de procédure, la Cour d’appel de Montpellier a enfin ré-ouvert ce dossier douloureux qui depuis 10 ans mine la vie d’Adrien dans tous ses aspects (santé, financier, professionnel, administratif, …), l’empêchant de réussir à tourner la page.
À la barre, le gérant est resté dans une posture de négation de tous les tords qui lui sont reprochés, ne témoignant pas le moindre signe de compassion pour la victime et n’ayant de cesse de lui reprocher à lui-même la survenue de son propre accident.
Après 4 h de débats, la Cour d’appel a renvoyé le rendu de son délibéré au 3 mars 2025.

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Hasard de calendrier, la semaine suivante, le mardi 14 janvier, la société Sud Acrobatic sera de nouveau devant la justice. Cette fois-ci, devant le Pôle social du tribunal judiciaire de Montpellier pour sa supposée « faute inexcusable » ayant contribué, trois ans après celui d’Adrien, à l’accident mortel de Mickaël Beccavin ayant chuté de 15 mètres sur un chantier derrière la gare de Nîmes.
L’audience permettra de déterminer les indemnités dues à la fille de Mickaël, âgée de 8 ans au moment du drame.
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PRESSE – Pour les cordistes du groupe Jarnias, une précarité généralisée et «peu de place pour l’humain»

Paru le 30/12/2024 sur Libération

Large recours à l’intérim, licenciements jugés abusifs, manque de dialogue social… Le leader des travaux en hauteur, présent sur les chantiers les plus prestigieux comme Notre-Dame, est pointé par d’anciens collaborateurs pour ses méthodes peu respectueuses du code du travail. Des accusations que le groupe réfute fermement.

Un cordiste du groupe Jarnias travaille sur le chantier de Notre-Dame, à Paris le 7 octobre 2019. (Patrick Gardin/Divergence)

Les cordistes ont joué un rôle clé dans la renaissance de Notre-Dame, notamment pendant la phase de sécurisation et de déplombage du chantier. Il fallait dégager les gravats stationnés en hauteur, stabiliser les piliers et sécuriser l’échafaudage ravagé par l’incendie survenu le 15 avril 2019. Les employés du groupe Jarnias sont dépêchés sur le site quelques jours plus tard. Chargé des chantiers les plus prestigieux de France, à l’instar de la 20e campagne de peinture de la tour Eiffel entre 2021 et 2022, Jarnias est le leader des travaux en hauteur. En dépit de son statut d’incontournable chez les cordistes (le groupe revendique 500 emplois répartis dans 14 entreprises), Jarnias prendrait des libertés avec le code du travail, notamment en matière de licenciements, et laisse peu d’espace au dialogue social. Continuer la lecture de « PRESSE – Pour les cordistes du groupe Jarnias, une précarité généralisée et «peu de place pour l’humain» »

10 mètres de chute, 10 ans de procédure. Sud Acrobatic jugée en appel le 6 janvier pour l’accident d’Adrien

Ce jour-là, l’entreprise Sud Acrobatic et son gérant Sébastien Gimard y seront jugés pour leurs responsabilités en lien avec un grave accident de travail survenu le 14 septembre 2015. Adrien Santoluca, cordiste intérimaire, avait lourdement chuté en passant au travers du toit d’un hangar du port commercial de Sète.

Après avoir été condamnée une première fois par le tribunal correctionnel de Montpellier, Sud Acrobatic et son gérant avaient fait appel début 2019 de leurs condamnations. Il aura fallu attendre 6 ans de plus (10 ans depuis l’accident), pour qu’une audience d’appel soit enfin fixée.
« On ne peut pas mieux entrer dans la 10ème année qu’après avoir attendu cette dernière pour fêter l’injustice dans nos beaux Palais de justice. 10 ans c’est quoi ? C’est le temps qu’il a fallu à notre « belle Justice » pour se réveiller après les nombreuses sollicitations effectuées sans relâche auprès de la Cours d’appel de Montpellier pour que mon affaire soit enfin re-jugée en appel. Continuer la lecture de « 10 mètres de chute, 10 ans de procédure. Sud Acrobatic jugée en appel le 6 janvier pour l’accident d’Adrien »

PRESSE – Quinze jours de coma, un mois de réanimation pour un cordiste : des formateurs aux explosifs devant la justice


Article paru le 23/12/2024 dans Nice Matin

Capral, une société de Saint-André-de-la-Roche, dispensait des formations au maniement d’engins explosifs. Sauf que, selon l’administration, elle n’avait pas l’agrément pour le faire.

« C’est un dossier de longue haleine », a d’emblée précisé la présidente du tribunal correctionnel de Nice, Marion Menot. Sur le banc des prévenus: Capral et ses deux dirigeants. Une entreprise de Saint-André-de-la-Roche créée en 1982, spécialisée dans la vente de cartouches pyrotechniques P2 utilisées pour faire exploser la roche (1). Elle dispensait également des formations à leur utilisation.

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Cartouches P2 – Alerte sur les formations requises : LA DGT ET LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE

Longtemps encadrée de flou sur les chantiers du BTP, l’utilisation des articles pyrotechniques de catégorie P2 est pourtant très réglementée. En janvier 2022, la Direction Générale du Travail, publiait une note de rappel à ce sujet.
Cette note a également été reprise par le ministère de la Défense au travers de la lettre N°48 de L’inspection des produits et des poudres (IPE) de janvier 2022.
Ces deux services de l’État rappellent que pour l’utilisation de ces cartouches dites de « déroctage », deux réglementations s’appliquent concernant les formations obligatoires :

1 / LE CODE DU TRAVAIL
et le décret n°87-231 du 27 mars 1987, rendant obligatoire le fait d’être titulaire d’un permis de tir (qui comprend le certificat de préposé au tir dit « CPT »).

2/ LE CODE DE L’ENVIRONNEMENT
au travers de l’articles R. 557-6-13, qui impose d’être titulaire d’un certificat de formation ou d’une habilitation délivré par un organisme agréé par le ministère de la sécurité industrielle.
La liste de ces centres agréés se trouvent ici : https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/produits-atmospheres-explosifs
À ce jour, seules deux organismes TSC BRAULT et ONEX TNTP disposent de cet agrément en cours de validité.


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ATTENTION :
toute utilisation de ces cartouches P2 sans CPT (certificat de préposé au tir) ET sans formation spécifique à l’utilisation des P2, expose donc le salarié concerné et son employeur à des poursuites.

En conséquence, N’ACCEPTEZ PLUS DE MANIPULER CES CARTOUCHES SANS CES DEUX FORMATIONS EN COURS DE VALIDITÉ.

CAPRAL et le procès des cartouches P2 : récit de l’audience

Ce vendredi 13 décembre, pas de soleil sur Nice.
De toute façon, personne n’est pas là pour se dorer la pilule sous le ciel azuréen.
Aujourd’hui, au tribunal correctionnel, c’est le procès tant attendu des pratiques illégales entourant les cartouches pyrotechniques de catégorie P2. Ces cartouches dites de « déroctage » représentent un type bien précis d’explosifs qui s’est largement répandu sur les chantiers de travaux publics car plus faciles à mettre en œuvre que la dynamite et autres explosifs plus classiques. Leur utilisation moins contraignante est conditionnée toutefois par l’obtention d’une formation dispensée par un organisme légalement agréé en France.

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NICE – vendredi 13 décembre – CAPRAL et le procès des formations low cost aux explosifs P2

Vendredi 13 décembre, Kévin, un cordiste gravement blessé dans un accident de travail, ainsi que l’association Cordistes en colère cordistes solidaires et le syndicat Solidarité Cordistes seront parties civiles lors d’une audience au tribunal correctionnel de Nice.
Ce jour-là, et après un premier report d’audience en mars dernier, la société Capral et ses deux responsables légaux seront jugés pour blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, pratiques commerciales trompeuses, et tromperie sur une prestation de service entraînant un danger pour la santé de l’homme. Le tout en lien avec la délivrance de formations à l’utilisation de cartouches pyrotechniques de catégorie P2, sans disposer de l’agrément nécessaire en France.

Pour comprendre, il faut notamment remonter au 15 septembre 2021

Ce jour-là, Kévin échappe de peu à la mort alors qu’il travaille à la sécurisation de falaises au-dessus du barrage EDF de Mizoën, en Isère. Embauché par la société de travaux sur cordes Ouest Acro, Kévin a pour mission de mettre en place et de déclencher l’explosion de cartouches pyrotechniques P2 afin de fragmenter certains blocs rocheux. En fin de journée, un dernier tir projette violemment une pierre au niveau de la tête de Kévin. À peine conscient et gravement blessé, il est héliporté en urgence à l’hôpital de Grenoble avec un pronostic vital engagé.
Sur le chantier, Kévin était le seul formé pour l’utilisation de ce type d’explosif.
Mais formé en une seule journée par la société Capral.

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