Ce matin, Mikel Duhalde, un collègue cordiste de 27 ans a perdu la vie au travail. Il travaillait sur un chantier de maintenance dans l’usine de bioraffinerie de Tartas, dans les Landes. Il aurait chuté de l’intérieur d’une des chaudières avant d’être enseveli dans un bac de cendres.
Ce jeune collègue originaire de Saint-Jean-de-Luz rejoint la longue liste des cordistes qui un soir ne seront pas rentrés du travail.
Le deuxième cordiste tué au travail en ce tout début d’année 2023.
Le quatrième cordiste tué au travail en moins d’un an.
Jamais la mort au travail ne devra devenir une fatalité.
Cette hécatombe doit cesser!
Dans l’immédiat et face à ce drame, toutes nos pensées et notre soutien se tournent ce soir vers sa famille, ses amis et collègues.
Comme beaucoup de collègues du BTP, une carrière de cordiste, c’est synonyme de tendinites, hernies, arthrose, lombalgies, arthrite, usure, blessures, … et parfois, trop souvent, de vies brisées.
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Vous en connaissez combien des cordistes qui ont réussi à faire leur carrière complète dans le métier et sur chantier ?
Ah oui, il faut réfléchir pour les trouver ceux-là !
Pourquoi ?
Parce que dans ce métier comme dans tout le BTP, la seule prise en compte de la pénibilité c’est tu dégages et on prend des p’tits jeunes fraîchement sortis de formation. Comme ça on les paye moins cher, et en plus, eux, ils en veulent…
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La pénibilité dans le BTP ?
« Ça n’existe pas. » Nous disent patrons et gouvernement.
« Alors 2 ans de plus à trimer, vous allez pas chouiner !!
Vous avez bien accepté les réformes du chômage, la loi travail, la baisse des APL, le gel des salaires, … alors pourquoi pas 2 ans en moins de retraite ? »
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Pendant ce temps-là, les grosses fortunes du pays continuent à se faire du blé sur notre dos, notre santé, nos vies.
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Pendant ce temps-là, les cadeaux au patronat et à la bourgeoisie s’enchaînent : suppression de l’ISF, baisse des cotisations patronales, CICE, avantages fiscaux…
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Pendant ce temps-là, tout augmente sauf les salaires.
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Avec son ampleur inédite, le mouvement de protestation en cours pourrait faire chanceler le gouvernement.
Perdre cette bataille nous condamnerait à des années de recul social.
La gagner laisserait entrevoir une bouffée d’air pour tous les combats à venir.
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Alors demain, et les jours suivants, on fait quoi les cordistes ?
Ce samedi 4 mars, à deux pas du ministère du travail, des proches de victimes d’accidents du travail étaient réunis, à l’initiative du collectif Stop à la mort au travail. Face à la violence des faits, à la froideur des institutions se sont opposées la solidarité, la chaleur humaine, la dignité.
Entreprise décomplexée versus ouvriers lésés : les dessous du chantier Notre-Dame
Contestation de licenciement, paiement des indemnités de grand déplacement… Le mardi 21 février 2023, au Conseil de Prud’hommes de Paris avait lieu l’audience qui traitait du conflit entre Jarnias, une entreprise phare dans le domaine des travaux sur cordes, et un de ses ouvriers venu réclamer le respect de ses droits. Retour sur les enjeux de ce procès pour l’ensemble de la profession.
Maître Géraldine Audinet entame sa plaidoirie.
Cascade de cheveux blonds tranchant sur le noir de sa robe d’avocate. Droite et sévère, elle fait face aux quatre conseillères des Prud’hommes.
Sa plaidoirie sera assez brève. Ne s’embarrassant pas à répondre sur les points dérangeants du dossier.
Ce qu’elle ne dit pas à l’aide d’arguments elle l’exprime par le dédain. Envers Jules, un ouvrier cordiste.
Qui ose attaquer son ancien employeur, l’entreprise de travaux sur cordes Jarnias. Dont aucun représentant légal n’est présent à l’audience.
Qui a l’outrecuidance de demander des comptes à la main qui l’a nourri. LIRE LA SUITE
L’association Cordistes en colère, cordistes solidaires sera présente le 4 mars à Paris et se joint à l’appel ci-dessous :
En 2021, 604 565 accidents du travail ont entraîné un arrêt de travail ou une invalidité. Plus de 1600 par jour !
Au moins 645 travailleurs sont morts au travail. Plus de 2 par jour ouvrable.
Ceci dans l’indifférence générale. Et encore, ces chiffres, publiés par la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM) en fin d’année 2022, ne comptabilisent pas les agriculteurs, les pêcheurs, les travailleurs indépendants, les agents du service public… Pas davantage les travailleurs clandestins. Ils n’ont pas fait l’objet de commentaires dans les médias. N’ont pas été suivis d’analyses. De questionnements.
Au-delà des chiffres, ce sont des vies qui ont été fauchées. Souvent en pleine jeunesse. Ce sont des familles plongées dans la douleur.
Le 28 février 2022, Benjamin, 23 ans, perdait la vie au travail.
Le 5 mars, c’était le tour de Flavien, 27 ans. Et tous les autres.…
Au-delà des chiffres, les proches sont confrontés aux administrations, sont aux prises avec la machine judiciaire.
Désemparés, isolés.
Cet isolement, quelques familles ont décidé de le rompre. Pour ce, elles ont fondé le Collectif Familles : Stop à la mort au travail. Un groupe WhatsApp et une page Facebook ont été créés, afin d’échanger sur le drame commun qui les frappe. De partager les informations, les expériences, dans leur combat pour la justice, pour la vérité. Pour signaler les pièges, les écueils. Éviter les erreurs.
Ces familles ont sollicité le ministère du travail, jusque-là assez peu préoccupé par le sujet. Et obtenu un rendez-vous.
D’autres entrevues sont d’ores et déjà en préparation. La mécanique est lancée. Il faut maintenant l’alimenter.
Un rassemblement aura lieu à Paris, le samedi 4 mars 2023 à 14 h au square d’Ajaccio, Paris 7ème.
À l’issue de ce rassemblement une conférence de presse sera organisée près du ministère du travail.
L’occasion de mettre en lumière ce fait de société, trop souvent relégué au rang de fait divers.
L’occasion pour les médias de rencontrer des familles engagées, déterminées, combatives.
L’occasion de lever l’omerta qui drape les accidents du travail.
Portraits des 15 victimes d’accidents mortels du travail dont les familles se sont rassemblées au travers du collectif Familles : Stop à la mort au travail
Et AUSSI, à lire et regarder :
18h30 FRANCE 3 Paris Île de France du 13/02/2023
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La question des accidents du travail en France, en présence de Fabienne Bérard, membre du collectif FAMILLES : STOP À MORT AU TRAVAIL, et maman de Flavien, ouvrier décédé sur en chantier en mars 2022.
Sont aussi présents Marion Ménage (Avocate pénaliste et avocate de la fédération CGT Construction), et Paul Duphil (directeur de l’OPPBTP).
Page Facebook du collectif FAMILLES : STOP À LA MORT AU TRAVAIL « Ce groupe est un collectif de familles dont un proche est mort au travail…
Notre but est de mettre en commun nos expériences, nos informations et surtout nous soutenir mutuellement.
Notre point commun est bien sûr notre douleur, notre colère mais aussi notre envie de faire évoluer une situation dramatique et quasiment invisible : La mort au travail ! »
Page Facebook
ACCIDENT DU TRAVAIL :
SILENCE DES OUVRIERS
MEURENT Recensement des accidents du travail répertoriés chaque mois dans toute la France. Face à l’indifférence des médias soyons notre propre média. Hommage aux victimes des accidents du travail.
Chaque année Matthieu Lépine épluche l’ensemble de la presse locale pour faire ressortir les brèves évoquant les accidents du travail. Chacune d’entre elles sont alors relayées sur la page Accident du travail : silence, des ouvriers meurent.
Ci-dessous un bilan de ce recensement 2022.
Encore une fois le BTP en ressort tristement comme le secteur faisant le plus de victimes au travail, avec pour causes principales les chutes et effondrement de charges.
Les obsèques de Sébastien auront lieu LUNDI 16 JANVIER à 10h en la Paroisse de LAGORD (17140).
Ses amis, proches et collègues sont invités à venir lui rendre un dernier hommage. Les mots, pensées, condoléances à la famille pourront être déposés le jour même dans une urne prévue à cet effet.
CAGNOTTE – Solidarité avec la famille de Sébastien
Mardi 3 janvier 2023, Sébastien, un collègue cordiste, a perdu la vie sur un chantier. Un de plus, un de trop. Jamais nous ne pourrons nous habituer à apprendre ce genre de nouvelle, pourtant devenue bien trop fréquente dans le monde ouvrier, et chez les cordistes en particulier.
Sébastien travaillait ce jour-là sur le site de la verrerie girondine O-I, à Vayres. Nouvelle mission intérim, nouvelle entreprise. Il venait d’attaquer sur ce nouveau chantier, lorsqu’il a traversé le toit. Une chute de 20 mètres qui lui ôtera la vie. Sébastien avait 43 ans. Derrière lui, toute une famille plongée dans la douleur.
D’un chantier à l’autre, Sébastien bourlinguait comme c’est le lot de beaucoup de cordistes intérimaires. Connu de nombre d’entre nous, il était toujours apprécié.
Un de ses collègues proche s’en souvient ainsi : «Toujours la bonne humeur, le sourire, il aimait son travail et les relations humaines. Blagueur, enfin un mec entier. Toujours soucieux de la sécurité. Tellement de soirées à parler, partager. Grand cœur généreux et j’en passe… »
Collègues de travail, ou seulement cordistes touchés par cette triste nouvelle, nous tous, venons présenter nos condoléances et transmettre nos pensées à sa famille et à ses proches. Nous avons également une pensée pour les collègues de la verrerie O-I et ceux de la société Keafer Wanner, premiers témoins du drame. En guise de geste et de solidarité, nous lançons une collecte. Une cagnotte pour soutenir la famille de Sébastien dans cette dure épreuve, pour les aider dans leur vie bouleversée, pour nous montrer solidaires dans la détresse d’avoir perdu un être cher. Par cette cagnotte nous voulons proposer une manière de témoigner notre compassion auprès de celles et ceux qui le pleurent. Tous les fonds seront reversés à la famille de Sébastien.
Fraternellement, des travailleurs solidaires, unis dans la volonté qu’un tel drame ne se reproduise plus.
PS : N’hésitez pas à laisser vos messages de soutien lors de votre participation.
Hier après-midi, Sébastien Gibouin, un collègue cordiste a perdu la vie au travail. Il a chuté au travers d’un toit alors qu’il travaillait sur le site de la verrerie O-I de Vayres dans le Nord-Gironde. Sébastien avait 43 ans. Un nouveau drame pour notre profession si durement touchée. Un bien triste début d’année.
Dans cette terrible épreuve, toutes nos pensées et notre soutien vont à sa famille, à ses collègues, à ses proches.
L’accident du travail est survenu alors que l’employé de 43 ans effectuait des travaux de désamiantage, mardi 3 janvier
Les investigations, confiées aux gendarmes de la compagnie de Libourne, se poursuivent ce mercredi 4 janvier après un accident du travail mortel, survenu mardi sur le site de la verrerie O-I de Vayres Nord-Gironde. Un drone télé piloté par un enquêteur spécialisé doit notamment survoler le site et particulièrement le toit pour des constatations aériennes.
Mardi 3 janvier en début d’après-midi, un ouvrier qui travaillait, pour le compte d’une société extérieure, au désamiantage et à la rénovation de la toiture du site industriel, qui produit plusieurs centaines de millions de bouteilles chaque année, a fait une chute de près de 20 mètres.
Selon les premiers éléments, il serait passé à travers une partie de toit en Plexiglas. Les pompiers appelés à son secours n’ont pu que constater le décès de cet homme de 43 ans.
À ce stade, l’entreprise ne peut fournir davantage d’informations. « Un protocole d’urgence a été mis en place, mardi 3 janvier, sur notre site de O-I Vayres, en réponse à un décès impliquant un sous-traitant », explique la responsable de communication de O-I France. « Nous travaillons en étroite collaboration avec l’employeur du sous-traitant et les autorités locales. Dans le cadre du protocole d’urgence, l’entreprise met en place un soutien aux salariés sur le site. Le travail dans cette zone a été suspendu jusqu’à nouvel ordre. Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille et ses collègues en cette période difficile. »
Fabien, lorsqu’on le sollicite pour revenir travailler sur la 20ème campagne de peinture de la Tour, n’hésite pas longtemps, à l’aune de son expérience passée. Pendant la formation plomb, un simple SMS met fin, avant même qu’elle ne commence, à une période de travail sûre de deux mois. Une éternité, dans le milieu des cordistes où la norme, c’est le contrat d’une semaine renouvelable à l’infini..
Ce lundi 14 novembre 2022, Fabien revient à la Tour Eiffel.
Revient, parce qu’il y a déjà bossé. En tant que cordiste. A l’occasion de la 20ème campagne de peinture.
Environ tous les 7 ans, la vieille dame métallique plus que centenaire reçoit sa petite cure de jouvence. D’autant que bientôt, les yeux et les caméras du monde entier seront braqués sur Paris. Hors de question de montrer un tas de ferraille bouffé de rouille à l’occasion des Jeux Olympiques d’été de 2024 !
Alors, depuis 2019, des équipes se succèdent, pinceau en main. Mais avant la caresse des pinceaux, c’est le fracas des marteaux. Les éléments se corrodent. Les anciennes peintures cloquent. Il faut assainir avant d’appliquer la peinture.
Et au cœur des couches de peintures les plus anciennes, du plomb. Que les ouvriers écaillent. Libérant ainsi de volatiles poussières de plomb sur la capitale. A 200 ou 300 mètres de haut, on n’ose imaginer la portée de ces particules poussées par un vent taquin…
Et que dire des sorties scolaires organisées sur la Tour, dont les gosses mangeaient leur pique-nique, assis par terre, les mains traînant sur le sol contaminé.
Avec l’incendie de Notre Dame en 2019, les parisiens ont plus de chance de choper le saturnisme que de trouver un Vélib en état de rouler.
Les ouvriers sont évidemment en première ligne. Au moins eux portent des protections adéquates.
Ce n’a pas toujours été le cas. En 2020, Fabien, alors en poste sur le monument, avait listé, avec son équipe les carences en terme de protection :
● Cartouches filtrantes non conformes, et au surplus non renouvelées dans les temps.
● Combinaison de travail non-conformes.
● Absence de formation et d’information sur les tâches à accomplir.
● Mode opératoire d’évolution sur la structure non fourni.
● Absence de procédure claire en cas de survenance d’un accident.
● Absence d’encadrants détenteurs du CQP niveau 2.
●Différence de traitement salarial entre les salariés titulaires et les intérimaires.
● Non respect des temps de vacation régissant le port du masque.
● Manque d’équipements.
● Absence de fiches de suivi des EPI. (Équipement de protection individuelle)
● Non respect des règles conventionnelles pour tous les jours de repos en situation de grand déplacement (calendaire, voyage périodique).
● Modification très régulière des protocoles et des horaires des ouvriers
Une fronde avait été menée afin d’obtenir des conditions de travail conformes aux standards en vigueur.