Le mardi 30 avril à 16h30, l’ensemble des cordistes sont convoqués par un responsable de la société Altitude Services sur les Chantiers de l’Atlantique. Pendant près de 20 minutes, il fait part d’un « message de la direction » suite au « petit mouvement de contestation fort désagréable ». En introduction, il prévient les cordistes que ce ne sera pas une discussion : Il va parler et qu’il va donc falloir l’écouter. Le ton est donné.
Il rappelle que les IGD ne sont en rien une obligation, la direction aurait en réalité fait un « cadeau » aux cordistes en leur accordant le paiement de ces deux IGD. Pourtant, la convention collective du bâtiment est claire, l’article 8.23 y stipule : « Le remboursement des dépenses définies à l’article 8.22 [indemnité de grand déplacement] est obligatoire pour tous les jours de la semaine, ouvrables ou non, pendant lesquels l’ouvrier reste à la disposition de son employeur sur les lieux du déplacement. »
Pour la plupart des collègues cordistes, leur lieu de résidence se trouve à plusieurs heures de routes et donc il est impossible de faire le trajet aller retour en une journée. La plupart d’entre eux ont alors été contraints de rester sur place.
Le lundi 29 avril 2024, plusieurs dizaines de cordistes intérimaires sur le chantier naval de St Nazaire apprennent que leurs Indemnités de Grand Déplacement (IGD) du mardi 30 avril ainsi que du mercredi 1 er mai risquent de ne pas être payées, sous prétexte que le mercredi férié n’est pas travaillé. Tous travaillent pour l’ancienne entité Altitude 44 du nouveau groupe Altitude Services.
Après avoir pris connaissance de cela, plusieurs collègues se réunissent à la pause de midi pour discuter et savoir ce qu’il est possible de faire pour obtenir ce qui leur est dû de droit. Au retour de la pause, une vingtaine d’intérimaires (aucun CDI n’a pris part à la discussion) décident de ne pas retourner travailler (sans dire le mot grève) avant de savoir ce qu’il en est des IGD. Un des intérimaires appelle le responsable technique et chef de chantier d’Altitude 44 aux Chantiers de l’Atlantique, et l’informe que les cordistes intérimaires ne reprendrons pas le travail tant que la situation ne sera pas claire et réglée.
Malgré la réponse floue du responsable, l’ensemble de l’équipe décide de reprendre le travail à 14h dans l’attente d’une réponse. Ils font cependant comprendre qu’en cas de réponse négative, ils refuseront de travailler le lendemain, mardi 30 avril.
Le 23 décembre 2022, nous avons publié un article intitulé «Discrimination à la Tour Eiffel. L’action syndicale a-t-elle sa place sur le chantier de la Tour Eiffel ?» Un collègue s’était vu éconduire du chantier quelques minutes après avoir été reconnu pour son appartenance syndicale. On l’a raconté.
Trouvant ça diffamatoire, le soir même à 22h32, des avocats de Jarnias nous adressaient un mail de mise en demeure. Nous sommant de retirer notre publication. Nous n’avons évidemment pas cédé à cette injonction en raison de l’intérêt général du sujet traité.
Puis d’autres sujets sont venus enrichir notre actualité, d’autres luttes nous ont mobilisés.
Le 21 mars 2023, un huissier est venu apporter au domicile d’Eric Louis, président de l’association, une assignation en justice. Précisément une «Citation directe devant le tribunal correctionnel de Paris.» Du lourd. Plus de 200 pages de pièces diverses, d’annexes, de constats d’huissier… D’aucuns auraient dit de vent. Nous ne nous ne le permettrons pas.
L’audience publique aura finalement lieu le mardi 28 mai 2024, à 13h30, devant la 17ème chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Paris.
Quoi qu’en pense Jarnias, de notre côté, on estime avoir exercé un indispensable rôle d’information du public sur un sujet d’intérêt général, à savoir la sécurité et les conditions de travail des cordistes. On ne lâchera rien. Notre liberté d’expression ouvrière ne sera pas muselée par cette intimidation !
Dès 11 heures, nous partagerons un pique-nique solidaire devant le tribunal judiciaire, en signe de solidarité.
Avant ça, le 27 mai à partir de 18 heures, nous nous réunirons au El Zocalo, afin d’évoquer nos conditions de travail et d’envisager les moyens d’action et de sensibilisation pour renforcer notre protection.
LUNDI 27 MAI – dès 18h : discussion / rencontre au bar El Zokalo (49 r. Pixérécourt, Paris 20ème)
MARDI 28 MAI – dès 11h : pique-nique solidaire devant le tribunal judiciaire (Parvis du tribunal, Paris 17ème) – dès 13h30 : audience devant la 17ème chambre correctionnelle du tribunal
« Mercredi 21 juin 2017. Il est 12h30. Eric Louis est d’après-midi sur le site industriel de Cristanol. Avec les autres cordistes, ils attendent de relever l’équipe dont fait partie Quentin. La chaleur, la fatigue… et cette phrase, simple et définitive, qui vient claquer à la face : « On a perdu Quentin ».
Eric Louis, ancien cordiste, a publié deux textes aux Éditions du commun, Casser du sucre à la pioche et On a perdu Quentin. Ce livre réunit ces deux textes et un dernier qui vient clore le triptyque. Il y raconte la suite de la mort de Quentin, le procès, la lutte pour faire reconnaître la responsabilité de la société qui l’embauchait. L’auteur dresse un portrait tranchant de la Justice comme une justice de classe. Au fil des pages se déploie toute la violence d’un système où se conjuguent pénibilité au travail, déshumanisation des travailleurs et absence de justice sociale. »
LE MOT DE L’AUTEUR :
Yep camarades. Je viens de sortir un nouveau bouquin. Ouais, je sais, c’est saoulant à force. Après, j’arrête, promis.
Petit extrait drôle : « La veille de l’audience, dans le bureau de l’avocat de Valérie, les présents s’indignent du fait que le parquet protège manifestement Cristal Union. Que le parquet a dû subir des pressions, à tout le moins une influence. L’avocat acquiesce. Et quand il lui est demandé d’où viennent ces pressions, il répond : «Je vais vous le dire. C’est Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims, ancienne députée, ancienne ministre de Chirac. Au titre que Cristal Union est un acteur économique majeur dans la région. Et que le groupe est déjà mis en cause dans l’accident de 2012. Faut pas trop taper sur Cristal Union, c’est tout.»
Hey, ce serait pas la mère Vautrin la ministre du travail de ces temps-ci ? Vont être trop bien les travailleurs ! Ça me donne envie de retourner à l’usine.
Sinon, ça raconte les rouages de notre magnifique justice de classe, de merde, de dominants. J’allais écrire « barrez les mentions inutiles ». Ben nan, y en a pas. Ce sont les suites et la fin de l’histoire de la mort de mon pote Quentin. Ah oui, les droits d’auteurs seront directement reversés dans les caisses de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires. En plus d’acheter un livre rouge, vous faites une bonne action.
Si ça vous chauffe, demandez-le en librairie. Ou sur le lien ci-dessous. Ou bien chez Amazon. Non, je déconne.
Invitation réunion auto-organisation cordistes à Marseille -> le samedi 9 mars de 16h à 19h -> 8 rue Barbaroux, 13001
Ci-dessous l’invitation de deux collègues de Marseille
« Nous sommes 2 cordistes marseillais.es à s’être rendu.es à l’AG de Cordistes en colère, cordistes solidaires à Paris fin janvier. Ça nous a donné envie de recréer des liens entre cordistes à Marseille, pour parler des problèmes au travail, se connaître un peu et parler de potentielles futures actions pour faire valoir nos droits.
Pour cela, on vous invite à une petite réunion/apéro, le samedi 9 mars de 16h à 18h-19h, au 8 rue Barbaroux à Marseille.
Voilà une proposition d’ordre du jour pour vous donner une idée de ce dont on voudrait discuter, mais bien sûr on pourra le modifier le jour de la réunion ! Puis, n’hésitez pas à ramener des choses à grignoter et à boire, on pourra se faire un petit apéro pour discuter hors réunion s’il y a l’envie 🙂
►Présentation de pourquoi cette réunion ►Présentation des personnes présentes et de leurs envies ►Quel lien on veut avoir entre nous ►Est-ce qu’on veut se voir régulièrement ou pas ? Pour quel genre d’activités ? ►Quels liens on voudrait avoir avec Cordistes en colère, et/ou le collectif BTP autonome/SUD Construction ? ►Propositions de 2 actions ►Organisation d’une aprem exercices secours sur corde ?
N’hésitez pas à faire passer le mail à vos camarades cordistes ! Au 9 mars on espère !«
Parce qu’il est important que nous restions soudés ! Et que c’est important d’échanger, de communiquer ! L’association «Cordistes en Colère, Cordistes Solidaires» organise une rencontre afin de pérenniser la dynamique forte du mois de novembre !
Au Programme : *Des dates pour les plus motivés : l’occasion de mettre à profit notre solidarité ! *Un rapide résumé de la dernière A.G : pour ceux qui n’ont pas pu y aller. *Un temps pour – : parce que toutes les idées sont à discuter et qu’on doit s’organiser. *Et un temps pour partager : nos bons tuyaux, nos galères de chantiers…
RENCARD dès 19h au bar EL ZOKALO 49 rue Pixérécourt, Paris 20
En mai dernier, plusieurs cordistes, dont Thibaud et Ekaterina ont travaillé sur la tour Hekla dans le quartier de la défense, dans des conditions de travail indignes : matériel non fourni, mesures de sécurité non assurés. Face à ces conditions, ils font valoir leur droit de retrait. Plusieurs mois plus tard, au moment de recevoir leur paie, celle ci est amputée de nombreuses heures de travail effectués.
Micros Rebelles a interviewé Grégory Molina, membre et co-fondateur des cordistes en colères, cordistes solidaires, association qui a suivi et soutenu ces deux travailleur et travailleuse. Il nous parle des conditions de travail au sein de cette profession qui comptabilise près de 10 000 personnes en France.
Un jour, j’irai là-haut ! Éric Louis, éditions le Cordiste en colère, 2023, 80 p. 7€ en soutien à l’association (+3€ de frais de port)
« L’association Cordistes en colère cordistes solidaires, c’est la lutte au quotidien. La lutte pour de meilleures conditions de travail. La lutte pour ne pas y perdre sa santé, encore moins sa vie. Depuis cinq ans, des dizaines de travailleuses et travailleurs cordistes nous sollicitent. Ensemble, nous nous battons pour leurs droits. Pour nos droits. Peut-être davantage pour la dignité. Et la justice. Au-delà, nous menons également une lutte de classes. Une confrontation permanente avec nos patrons, étonnés de voir se dresser une poignée de prolos sur la voie royale de la rentabilité, dans ce métier en pleine expansion. Plutôt qu’un bilan exhaustif et fastidieux, nous livrons ici quelques histoires, celles des combats de Vincent, Karine, Xavier, Jules. Cordistes floués, blessés. Des récits de chair et d’espoir. »
En 2019, paraissait Chroniques sur cordes. Le bouquin 100 % prolo. Il s’est écoulé à plus de 1500 exemplaires. On se promettait de réitérer l’expérience. Et puis, le covid, les luttes, nos innombrables actions, les morts qui malheureusement succèdent les unes aux autres… Le projet a repointé le bout de son nez en tout début d’année. Et devant la charge de notre emploi du temps, a été gentiment posé sur un coin d’étagère. On verrait plus tard. Un jour, il a rejailli. Au début de l’été. Comme une urgence. Un impératif. Avec cet objectif un peu fou : paraître à la rentrée. Les délais ont été tenus. Les 2000 exemplaires du livre sont sont sortis des presses et nous ont été livrés début septembre. Il ne restait plus qu’à annoncer sa sortie. Voilà chose faite !
BÂTIMENT : L’entreprise Cabestan est dans le viseur de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires, pour mauvaises conditions de travail et absence de paiements de ses intérimaires. Plusieurs cordistes témoignent.
Manque d’équipement, absence d’accès à l’eau, fin de mission précoce, erreurs importantes sur les fiches de paye… L’entreprise Cabestan récolte depuis plusieurs années la méfiance des cordistes intérimaires ayant travaillé pour elle, sur de nombreux projets. « Ça fait des années que nous avons des remontées de salariés sur Cabestan. Cette société est connue comme le loup blanc. Les cordistes avec de l’expérience savent qu’il y a des problèmes de sécurité, que ceux qui travaillent pour eux sont méprisés », explique Grégory Molina, de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires, suite à la publication de deux articles sur son site, concernant l’entreprise. Des problèmes de sécurité ont été largement notifiés par les intérimaires de Cabestan. Trois cordistes ayant travaillé sur le nettoyage de vitres de la tour Hekla en mai dernier pour le compte de l’entreprise ont décidé de témoigner auprès de l’Humanité.