PRESSE – Solidarité et fraternité au Ministère du travail

Paru sur Le Club Médiapart, 5 mars 2023

Ce samedi 4 mars, à deux pas du ministère du travail, des proches de victimes d’accidents du travail étaient réunis, à l’initiative du collectif Stop à la mort au travail. Face à la violence des faits, à la froideur des institutions se sont opposées la solidarité, la chaleur humaine, la dignité.

 À lire aussi dans la presse :

 > FRANCE CULTURE : Accidents du travail : les morts invisibles 
 > POLITIS : Comment les patrons tueurs échappent à la justice
 > LE MONDE : Morts au travail : les familles des victimes se mobilisent 
 > L’HUMANITÉ : Accidents du travail : la colère des familles endeuillées 

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PRESSE – L’action syndicale a t’elle sa place sur le chantier de la Tour Eiffel ?

Paru sur Le Club Médiapart, 22 décembre 2022

Discrimination à la Tour Eiffel

Fabien, lorsqu’on le sollicite pour revenir travailler sur la 20ème campagne de peinture de la Tour, n’hésite pas longtemps, à l’aune de son expérience passée. Pendant la formation plomb, un simple SMS met fin, avant même qu’elle ne commence, à une période de travail sûre de deux mois. Une éternité, dans le milieu des cordistes où la norme, c’est le contrat d’une semaine renouvelable à l’infini..

Ce lundi 14 novembre 2022, Fabien revient à la Tour Eiffel.

Revient, parce qu’il y a déjà bossé. En tant que cordiste. A l’occasion de la 20ème campagne de peinture.

Environ tous les 7 ans, la vieille dame métallique plus que centenaire reçoit sa petite cure de jouvence. D’autant que bientôt, les yeux et les caméras du monde entier seront braqués sur Paris. Hors de question de montrer un tas de ferraille bouffé de rouille à l’occasion des Jeux Olympiques d’été de 2024 !

Alors, depuis 2019, des équipes se succèdent, pinceau en main. Mais avant la caresse des pinceaux, c’est le fracas des marteaux. Les éléments se corrodent. Les anciennes peintures cloquent. Il faut assainir avant d’appliquer la peinture.

Et au cœur des couches de peintures les plus anciennes, du plomb. Que les ouvriers écaillent. Libérant ainsi de volatiles poussières de plomb sur la capitale. A 200 ou 300 mètres de haut, on n’ose imaginer la portée de ces particules poussées par un vent taquin…

Et que dire des sorties scolaires organisées sur la Tour, dont les gosses mangeaient leur pique-nique, assis par terre, les mains traînant sur le sol contaminé.

A tel point que les médias s’étaient déjà alarmés de ce scandale sanitaire.

Avec l’incendie de Notre Dame en 2019, les parisiens ont plus de chance de choper le saturnisme que de trouver un Vélib en état de rouler.

Les ouvriers sont évidemment en première ligne. Au moins eux portent des protections adéquates.

Ce n’a pas toujours été le cas. En 2020, Fabien, alors en poste sur le monument, avait listé, avec son équipe les carences en terme de protection :

● Cartouches filtrantes non conformes, et au surplus non renouvelées dans les temps.
● Combinaison de travail non-conformes.
● Absence de formation et d’information sur les tâches à accomplir.
● Mode opératoire d’évolution sur la structure non fourni.
● Absence de procédure claire en cas de survenance d’un accident.
● Absence d’encadrants détenteurs du CQP niveau 2.
●Différence de traitement salarial entre les salariés titulaires et les intérimaires.
● Non respect des temps de vacation régissant le port du masque.
● Manque d’équipements.
● Absence de fiches de suivi des EPI. (Équipement de protection individuelle)
● Non respect des règles conventionnelles pour tous les jours de repos en situation de grand déplacement (calendaire, voyage périodique).
● Modification très régulière des protocoles et des horaires des ouvriers

Une fronde avait été menée afin d’obtenir des conditions de travail conformes aux standards en vigueur.

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PARIS – 13/12/2022 – Entretien à la DGT, réunion cordistes au Zokalo et virée dans les catacombes

Entretien à la DGT – Début d’une série de consultations au sein de la profession 

Le mardi 13 décembre, nous étions invités à la Direction Générale du Travail. (DGT.)
Pour rappel, le ministère du travail dévoilait en début d’année son Plan Santé 4.
Ce document mettait en exergue la grande attention des autorités au sujet des travaux sur cordes. La déclaration d’intention était belle. Mais nous ne nous payons pas de mots.
Alors nous avons soumis aux services concernés une batterie de questions concrètes.

C’est ainsi que nous recevions en décembre une invitation à venir faire valoir nos revendications.

Gilbert De Stefano, chef du bureau des équipements et des lieux de travail (CT3) et Lucie Mediavilla, chargée de mission, nous ont accueillis à la Sous-direction des conditions de travail, au sein de la DGT.

Julien Rivollet, Stéphane Duchère, Grégory Molina, Charles Lanza et Eric Louis composaient la délégation représentant l’association.

Crédit photo : Stéphane Marcault

Pendant deux heures, nous avons eu la liberté d’exposer les problématiques que nous rencontrons dans le métier.
Dans les semaines qui viennent, seront également reçus d’autres acteurs de la profession. France Travaux sur Cordes, l’OPPBTP, l’INRS, l’IRATA.

Et dès le début de l’année 2023, nous nous retrouverons tous autour de la table, à la DGT, afin de continuer à creuser les sujets évoqués. Nous ne manquerons pas de donner plus de précisions une fois les sujets de discussions clairement définis.

C’est une grande satisfaction de voir que nous serons intégrés aux négociations à venir. Le travail que nous effectuons sans relâche depuis maintenant 4 ans n’y est sans doute pas étranger. Nous aurons à cœur de faire évoluer les conditions d’exercice des travailleurs cordistes.

Crédit photo : Stéphane Marcault

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DIMANCHE 06/11 – Colombier (03600) – Exercices secours et présentation de secours complexes avec AFAST

Travailler sur cordes implique en toute circonstances d’être en mesure de porter secours à un collègue resté en suspension.
Sorti de formation,  rares sont les occasions de réviser et perfectionner ces techniques. Imposer du temps et des moyens pour cela serait une nécessité dans chaque entreprise. À défaut c’est aussi à nous cordistes de nous en saisir et d’en faire valoir l’importance.

C’est dans ce sens et en guise de petite contribution que, le dimanche 6 novembreAFAST (Association Flandres-Artois Secours Technique) sera présente au week-end de rencontres cordistes à Colombier (03).

Des ateliers seront mis en places pour permettre à chacune et chacun de s’exercer aux  techniques de secours simples. AFAST présentera aussi d’autres techniques de secours sur cordes plus complexes et en équipe.

Mais AFAST c’est quoi ?

AFAST, association des Haut de France, rassemble plusieurs membres qui exercent tous un métier lié à la hauteur, la plupart sont techniciens cordistes. Les autres sont élagueurs, pompiers ayant la spécialité GRIMP, ou encore formateurs au métier de technicien cordiste, mais aussi monteurs ou techniciens dans le Télécom (pylônes) ainsi que deux ou trois éléments qui pratiquent l’escalade et la montagne désireux de pousser un peu plus loin la découverte des activités du ‘’vide’’.

L’association a pour but lors de sessions d’entraînement de partager et perfectionner les aptitudes et les techniques de chacun au cours de différents scénarios de secours.

AFAST n’a pas vocation à performer de réels secours, toutefois la répétition de ces exercices a pour but d’apporter au quotidien assurance et confiance en soi, une capacité d’analyse et d’anticipation. Il est important aussi au fil des chantiers de transmettre ces retours d’expérience et cette passion afin d’optimiser l’intervention de secours le cas échéant.

Toutes les infos sur AFAST à consulter ici : https://www.facebook.com/AFAST59

4, 5 et 6 novembre – ASSEMBLÉE OUVRIÈRES et OUVRIERS CORDISTES


Des places de covoiturage sont déjà disponibles au départ de :

– Valence
– Lyon
– Clermont-Ferrand
– Toulouse
– Amiens
– Périphérie de Paris

Si vous êtes intéressé pour une place,
envoyez un message au  06 14 70 89 32


AU PROGRAMME DU WEEK-END :


VENDREDI :
dès 18h – Arrivée, installation, apéro !


SAMEDI :
 ..– dès 9h – Assemblée de travailleurs cordistes
……………………(Ci-dessous, le programme des discussions)…………………………
……………..– 18h – Projection d’un film surprise
……………..– 21h – Repas
……………..– Jusqu’à pas d’heure :
………………..Big soirée « ramène ton instru et ta playlist! »


DIMANCHE :
– Discussions en groupes de travail définis la veille
……………….–  Exercices secours sur cordes
……………….+ présentation de techniques de secours complexes
……………….animé par AFAST (Association Flandres-Artois Secours Technique)
 ……………..(Toutes les infos sur ces ateliers à consulter ici)
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VIDÉO – TABLE RONDE du championnat de France cordistes – Lyon – 2022

Le 20 mai 2022, se tenait à Lyon une table ronde dans le cadre des championnats de France cordistes organisés par le principal syndicat patronal de la profession (France Travaux sur cordes).

L’association Cordistes en colère, cordistes solidaires qui n’était pas autorisée à y tenir un stand, était présente à cette table ronde. Présente avec des cordistes. Mais présente aussi avec des proches de collègues décédés au travail. Parmi elles, Martine Brugière, avait fait le choix de prendre la parole pour interpeller le syndicat patronal sur les conditions et manquements qui ont mené, en 2018, à la mort de son fils Régis Brugière de Barante.

Pour garder une trace de cette intervention, l’association avait demandé à un collègue vidéaste de venir saisir l’instant. Interdit de filmer par le syndicat patronal (qui n’autorisait que son vidéaste officiel à prendre des images), c’est avec un téléphone portable que l’intervention de Martine a finalement réussi à être filmée.

En voici donc les images, suivies de quelques-unes des interventions qui ont suivi.

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Pour aller plus loin, lire aussi l’article d’Éric Louis, « Des prolos au championnat des patrons » , paru sur son blog Médiapart :

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* Merci aux camarades qui se reconnaîtront pour le gros travail de montage et de retranscription.

OUVRIÈRES ET OUVRIERS CORDISTES : UNE ORGANISATION – Une organisation associative et syndicale

C’est sous cette bannière commune que le Syndicat Solidarité Cordistes et l’Association Cordistes en colère, cordistes solidaires se sont affichés lors du championnat de France cordistes à Lyon.

Pourtant, France Travaux sur Cordes (syndicat patronal) refusait d’octroyer une place à l’association. Devant l’ineptie et l’injustice de cette décision, le syndicat Solidarité Cordistes a décidé de partagé son stand. Présentant ainsi simultanément les deux faces d’une même médaille, celle de la lutte sociale au sein du métier.

Pour clarification et affirmation de cette unité, le syndicat et l’association des cordistes adressent la lettre ci-dessous à France Travaux sur Cordes.

Une manière d’affirmer haut et fort notre refus des tentatives de division initiées par le patronat. Nos deux structures de défense des travailleuses et travailleurs cordistes œuvrent conjointement et se complètent. Il n’est pas revendication de l’une qui ne soit partagée et soutenue par l’autre.

Afin d’entériner cette parole commune, le syndicat Solidarité Cordistes vient par ailleurs d’inscrire dans ses statuts sa volonté d’œuvrer conjointement avec l’association Cordistes en colère, cordistes solidaires.
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.Les tâches et objectifs
développés par l’association et le syndicat
continueront d’être ainsi réparties :

Crée en décembre 2018, l’association regroupe cordistes et proches de cordistes (dont notamment des familles de victimes d’accident du travail).
Afin de ne pas être limité par la forme associative, un syndicat de travailleurs cordistes a été créé en juillet 2019. Le syndicat regroupe uniquement des  travailleuses et travailleurs cordistes.

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L’ASSOCIATION Cordistes en colère, cordistes solidaires
(Regroupe cordistes et proches de cordistes)

● Travail de terrain avec permanences téléphoniques, mail et Messenger pour conseiller et accompagner les collègues pour tout problème de conditions de travail ou d’accident.
● Soutien des victimes et proches de victimes d’accident du travail.
● Démarches pour agir sur les accidents en amont (recensement, analyse, diffusion ; code APE, étude avec la CNAM, sensibilisation dans les centres de formation …).
● Fiches pratiques sur les questions générales de droit du travail (EPI, indemnités, heures, contrats, …).
● Constitution de partie civile dans les procès.
● Dialogue avec les institutions et organisations patronales tant que l’on n’est pas limité par la forme associative..
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Le SYNDICAT Solidarité Cordistes :
(Regroupe uniquement des cordistes)

● Dialogue avec les institutions et organisations patronales.
● Constitution de partie civile dans les procès.
● Communication, et démarches pour défendre et faire évoluer le cadre réglementaire des travaux sur cordes.
● Utiliser tous les outils syndicaux pour les collègues embauchés dans des entreprises. Notamment celles qui ont un CSE. Délégation syndicale, droit à la formation, représentant du personnel, ….
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Ouvrières et ouvriers cordistes,
la solidarité est notre arme !

RÉCIT – « Des prolos au championnat des patrons »

Le championnat de France cordistes 2022 à Lyon, raconté par Éric LOUIS.
Un article paru aujourd’hui sur le blog MÉDIAPART :

« Vous gâchez la fête ! »

L’un des deux patrons qui s’est arrêté devant le stand à peine installé termine ainsi sa péroraison.
Un quart d’heure qu’il est là.
Un quart d’heure à soutenir que la présence de l’association Cordistes en colère cordistes solidaires est une verrue sur un si bel événement.
Un quart d’heure à pointer d’un doigt inquisiteur les différentes brochures étalées sur la table. Pour finir par tendre un menton dégoûté vers les deux affiches collées au mur. Pourtant de format modeste en regard des proportions de cette ancienne usine qui abrite la manifestation. L’une montre un bras ensanglanté, gisant au sol sous le slogan « Mon métier vous fait rêver ? Moi il m’a tué. » Sur la seconde, une petite fille tient la main de sa maman partant au boulot, tout équipée, corde sur le dos, légendée « Cordiste, un métier qui tue ». Sur les deux visuels, un rappel glaçant : « Profession cordiste : 26 morts au travail depuis 2006 ».

Cette réalité, Frédéric Foli, le PDG d’Adrénaline, ne veut pas en entendre parler. Pas aujourd’hui. « C’est la fête des cordistes et vous affichez du sang. » A bien y regarder, l’affiche montre un petit filet de sang coulant sur un avant-bras. C’est encore trop. Que doit-il penser des photos et vidéos trash qui illustrent les campagnes de la prévention routière ? Des images qui « ornent » les paquets de cigarettes ?

Il faut dire que l’événement est présenté par ses organisateurs eux-mêmes comme une « belle vitrine » de la profession. L’image est juste. Pour se vendre, il vaut mieux montrer une vitrine bien achalandée que l’arrière boutique. Une centaine de cordistes participent à des épreuves reproduisant des situations d’évolution sur cordes. Épreuves chronométrées. A l’encontre du principe de prudence imposé dans les vraies situations de travail. Ici, les cordes sont flambant neuves. Les baudriers et les vêtements propres. A cent lieux des véritables configurations de chantier. Beaucoup de cordistes concourent pour leur employeur. Les noms des boites fleurissent sur les tee-shirts. Quelques compétiteurs s’amusent. Notamment les filles inscrites aux épreuves, loin de l’esprit de compétition. Leslie, casque rose, effectue ses épreuves avec un tutu multicolore du meilleur effet. Les équipiers du Greta Ardèche Drôme (centre de formation) arborent de printanières chemisettes à fleurs. Mais certains se prennent au sérieux. Ils déambulent dans les allées, démarche de cow-boy. Le pectoral imposant. Le tatouage en exergue. Derrière le stand, Hayli, cordiste anglaise installée en Ardèche, les suit de ses grands yeux bleus luminescents. Et lâche, avec son accent inimitable : « C’est vraiment un concours de bites ! ». LIRE LA SUITE